Dépendances : on ne peut pas faire l’économie des vitamines B et du magnésium (à propos de la disparition d’Olivier Ameisen)

 

Dans Le Monde du 19 Juillet, Sandrine Blanchard, Sandrine Cabut et Catherine Vincent écrivent :

« Pour des milliers de malades, il restera celui qui leur aura permis d’en finir avec le « craving », le besoin irrépressible d’alcool. Sa croisade aura été celle du baclofène : médecin devenu dépendant à l’alcool, il a trouvé en ce vieux médicament une nouvelle voie pour se libérer de son addiction, et s’est battu des années durant pour imposer sa découverte.

Cardiologue, frère du professeur Jean-Claude Ameisen, l’actuel président du comité national d’éthique, le professeur Olivier Ameisen est décédé le 18 juillet à Paris d’un infarctus du myocarde. Il venait d’avoir 60 ans. Pianiste extrêmement brillant, jouant d’oreille, c’est dans la musique qu’il voit d’abord sa carrière : adolescent, il ne pense qu’à elle.

Ses parents lui disent « Passe ton bac d’abord » ? Il se débrouille pour l’obtenir à 15 ans, alors qu’il n’est qu’en seconde. Trop tard, pourtant, pour devenir virtuose : Arthur Rubinstein, à qui il demande conseil, lui suggère d’être chef d’orchestre ou compositeur. Mais lui ne veut pas de demi-mesure. Ce sera donc la médecine.

« LE TRAITEMENT DE L’ADDICTION », L’AFFAIRE DE SA VIE

« Il a adoré la clinique et la recherche, mais je crois qu’il a toujours regretté de ne pas avoir fait son métier de la musique. C’était vraiment ce qui l’habitait », affirme Jean-Claude Ameisen, son aîné d’un an et demi. A l’adolescence, les deux frères sont inséparables. Ils font leurs études de médecine en même temps, préparent examens et conférence d’internat côte à côte. Seul le départ d’Olivier aux Etats-Unis, en 1983, pour la prestigieuse université Cornell de New York, parviendra à mettre entre eux de la distance. Le jeune homme devient vite un cardiologue éminent, mais ce grand anxieux ne tarde pas à sombrer dans l’alcoolisme. De façon absolue, comme tout ce qu’il entreprend.

Il est hospitalisé plusieurs fois, traité par les plus grands spécialistes de l’addictologie. Rien n’y fait. Le brillant praticien doit interrompre sa carrière, divaguant des années durant de cures de désintoxication en accidents divers. « J’avais vraiment l’impression qu’il ne s’en sortirait jamais », se souvient son frère. Jusqu’en 2001, où une amie lui donne à lire un article du New York Times relatant l’effet étonnant du Baclofène, un médicament commercialisé depuis les années 1970 pour soulager les spasmes musculaires chez un cocaïnomane. C’est le déclic.

Le médecin se plonge dans la littérature scientifique, interroge les spécialistes, puis se lance. En 2004, il se traite tout seul, avec des doses croissantes. Et guérit de son addiction, devenant, dit-il, « indifférent à l’alcool ». Du jamais vu, ou presque. Olivier Ameisen retrouve ses facultés cognitives, et une sérénité qu’on lui avait rarement connue. En bon scientifique, il publie d’abord son cas, fin 2004, dans une revue spécialisée d’alcoologie. Mais c’est un livre grand public, Le Dernier Verre (Ed. Denoël, 2008), qui va enfin lui permettre de se faire entendre.

Le Baclofène n’a pas d’autorisation officielle pour traiter l’addiction à l’alcool, mais les témoignages éloquents se multiplient, et les ventes s’envolent. Si une partie de la communauté médicale reste dubitative, Ameisen reçoit des soutiens prestigieux.  Comme celui du professeur Jean Dausset, prix Nobel de médecine 1980, qui n’hésite pas à dire qu’il a découvert « le traitement de l’addiction ».

Depuis, c’était devenu la grande affaire de sa vie. Inlassablement, obstinément, le cardiologue devenu alcoologue par la force des choses passait ses jours et une partie de ses nuits à batailler pour faire reconnaître ce traitement. Envoyant des mails aux quatre coins du monde, répondant aux centaines d’anonymes qui se tournaient vers lui, se prenant de bec avec les médecins qui n’appliquaient pas « sa » méthode, critiquant la »frilosité » de la France. Il voulait que des formations soient créées, et disait se « désespérer » de la lenteur administrative de la faculté française.

« GUÉRIR SANS FORCÉMENT DEVENIR ABSTINENT, UN BLASPHÈME »

« Passionné, passionnel et extrêmement attachant, Olivier Ameisen a beaucoup souffert du refus des alcoologues de reconnaître cette thérapie comme une possibilité d’aide », commente le professeur Didier Sicard, qui l’a publiquement soutenu et a présidé, le 3 juin dernier, un colloque « en faveur du Baclofène ». Pour cet ancien président du comité national d’éthique, il s’agit d’ « une découverte scientifique très importante, qui dépasse l’alcool et va justifier des travaux ultérieurs ».

Une découverte mal reçue, entre autres, parce qu’elle portait en elle un espoir inacceptable. « Le Baclofène permet de ne plus être prisonnier du sentiment pulsionnel d’addiction, autrement dit, il permet de guérir sans forcément devenir abstinent, précise-t-il.  Pour le milieu alcoologique, c’était un blasphème. »

« Olivier Ameisen ne s’attendait pas à une telle force de résistance de la part de la communauté médicale », estime la psychanalyste Caroline Eliacheff, devenue amie avec lui lors de la sortie de son livre. Le décrivant comme « un génie devenu un bienfaiteur de l’humanité », elle évoque aussi son angoisse constitutive, « physiquement palpable ».

D’une exigence folle, impatient, torturé, cet homme qui n’a pas eu d’enfants ne parvenait pas à se satisfaire du chemin incroyablement prometteur qu’il avait lui-même ouvert.
Depuis quelques mois, il avait pourtant de quoi se réjouir. Des essais cliniques ont été lancés en milieu hospitalier et en médecine libérale pour évaluer l’efficacité du Baclofène dans la dépendance à l’alcool, qui pourrait aboutir à une autorisation de mise sur le marché dans les prochaines années.

En attendant leurs résultats, l’Agence du médicament (ANSM) a annoncé le 3 juin une « recommandation temporaire d’utilisation » (RTU) permettant aux médecins de prescrire le produit à leurs patients en toute légalité. « Olivier était très heureux de cette décision, qu’il attendait comme nous tous depuis des années », souligne le docteur Renaud de Beaurepaire, psychiatre à l’hôpital Paul-Guiraud  de Villejuif (Val-de-Marne) et prescripteur de la première heure. Ces dernières semaines, Olivier Ameisen affirmait vouloir ouvrir à la rentrée une consultation d’addictologie, pour prescrire lui-même « son »  médicament. L’aventure du Baclofène devra continuer sans lui. »

Commentaire de Jean Paul Curtay :

Quel dommage ! on peut voir tout de suite à l’intensité extrême de sa vie, qu’Olivier Ameisen était porteur de cette « tension pulsionnelle élevée » si banale, qui rend facilement dépendant.

Probablement autour de 25% des personnes naissent avec un frein des pulsions, la sérotonine, plus faible que l’accélérateur, la noradrénaline. Or, le sucre, l’alccol (un super-sucre), le tabac… ont des effets sérotoninergiques et sont utilisés inconsciemment comme des psychotropes. 

Il;existe pourtant des façons non toxiques de remonter  cette sérotonine sans médicaments (qui de toutes façons ne font qu’inhiber la recapture de la sérotonine dans la fente synaptique qui sépare les neurones, ce qui d’abord peut avoir des effets paradoxaux, comme des passages à l’acte qui peuvent aller jusqu’au suicide – les agences de santé ont lancé un avertissement à ce sujet concernant les ados, mais cela peut toucher n’importe qui. Et par ailleurs ces médicaments ne donnent pas aux neurones les moyens de fabriquer plus de sérotonine afin de parmettre une meilleure gestion des pulsions aux patiens.. ce qui les rend.. dépendants aux médicaments !).

Les outils principaux qui permettent donc de mieux gérer les pulsions :

– les glucides lents, s’il le faut à tous les repas

– tous les sports

– le contact avec l’eau (bains/douches prolongées, natation et toutes activités dans l’eau)

les vitamines B, en particulier B9, B6 et B12 indispensables à la synthèse de sérotontine (le manque d’apport en vitamine B6 en France touche plus de 90% de la population ce qui favorise de manière épidémique des dépendances à tous ces psychotropes inconscients)

– enfin le magnésium qui réduit la monteé de la noradrénaline avec le stress, ce qui déséquilibre encore plus le rapport entre l’accélérateur des pulsions (noradrénaline) et le frein (sérotonine) – nous avons tous pu constater que le stress augmente l’attirance pour la bouffe, le sucré, l’alcool, le tabac et rend plus irritable et impulsif… De plus le magnésium doit être présent pour activer les vitamines B.

Or, l’alcool entraîne une forte aggravation des déficits en vitamines B.

Et ceci avec d’autres conséquences, dont, par exemple, la montée dans le sang de l’homocystéine, une molécule qui augmente très fortement les risques d’accident cardiovasculaire…

Voyez vous pourquoi j’ai dit « quel dommage » ?

Très probabelement, si, au-delà du Baclofène, Olivier Ameisen avait corrigé par des compléments ses déficits en vitamines B, il aurait fait baisser son homocystéine et réduit fortement le risque d’un tel décès prématuré….

Il était pourtant professeur de cardiologie. Mais voilà, on enseigne encore dans ce domaine la prédominance de facteurs de risque anciennement identifiés : hypertension, surpoids, diabète, dyslipédémies, mais pas les facteurs plus récemment identifiés : montée de l’homocystéine, baisse du magnésium, stress, excès de fer, lipoperoxydation accélérée (MDA)….

Encore combien de morts inutiles avant la mise à jour des enseignements médicaux ??

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Le Dr Jean-Paul CURTAY, de renommée internationale, est un des pionniers de la nutrithérapie. Il a créé en France la première consultation dans cette discipline médicale nouvelle.