CHOLESTEROL LE GRAND BLUFF 4 Fibrates et statines quel rapport bénéfices/risques ?

Les fibrates

Ces molécules, toujours utilisées, malgré la domination écrasante des statines, font surtout baisser les triglycérides en augmentant leur combustion dans le foie via la stimulation de la prolifération de « peroxysomes ».

Des études ne montrent soit pas d’effet sur le cholestérol LDL,soit même une augmentation, et certaines une augmentation du cholestérol HDL, ce qui a relancé l’intérêt de certains labos pour elles.

Les plus connues sont le gemfibrozil (Lipur*), le bezafibrate (Befizal*), le fenofibrate (Lipanthyl*) et le clofibrate (Lipavlon*).

Une méta-analyse incluant 45 058 participants, chez qui l’on observe 2870 accidents cardiovasculaires majeurs, 4552 coronaropathies et  3880 décès, ne trouve qu’une très faible réduction des accidents cardiovasculaires (10%) et coronariens (13%) et aucun impact ni sur les accidents vasculaires cérébraux, ni sur la mortalité cardiovasculaire.

Jun M et al, Effects of fibrates on cardiovascular outcomes : systematic review and meta-analysis, Lancet, 2010, 375, 1875-1884

Quels sont leurs effets secondaires ?

troubles digestifs fréquents ;

céphalées, sensations vertigineuses, fatigues, visions troubles, insomnies, impuissances, dysgueusies (baisse du goût);
éruptions cutanées, prurits, photosensibilisations, alopécies ;
hypoglycémies ;
thrombopénies, anémies, leucopénies (chute des cellules du sang : plaquettes, globules rouges et blancs) ;
augmentations des transaminases, signe de toxicité sur le foie ;
lithiases biliaires ;
insuffisances rénales aiguës et chroniques ;
myopathies et rhabdomyolyses.

Un essai à long terme a montré une surmortalité sous clofibrate, liée à plusieurs pathologies, dont des cancers.

La toxicité hépatique et l’augmentation des cancers pourrait s’expliquer par le fait qu’en augmentant l’oxydation des graisses, on produit plus           de radicaux libres et d’inflammation.

Autrement dit, pour des effets très faibles, beaucoup d’effets secondaires dont certaines graves.

Les agences américaines du médicament déconseillent et l’emploi des fibrates lorsque le cholestérol HDL est bas (ce qui est justement le plus ennuyeux en ce qui concerne le cholestérol) et l’association avec des statines qui augmente considérablement les risques et la gravité des effets secondaires (beaucoup sont similaires pour les deux types d’hypolipémiants).

Qu’en est-il des statines ?

Elles agissent en inhibant une enzyme clé dans le métabolisme de synthèse du cholestérol (qui comprend 37 étapes), l’HMGCoA réductase.

Ce sont l’atorvastatine (Tahor), la rovustatine (Crestor), la fluvastatine (Fractal, Lescol), la pravastatine (Elisor, Vasten), la simvastatine (Zocor, Lodales).

Est-ce qu’elles apportent quelque chose ?

En « prévention primaire », soit chez des personnes saines ou ayant   des facteurs de risque : dyslipidémie, diabète, hypertension, mais n’ayant pas subi d’accident cardiovasculaire, la méta-analyse  de 14 essais incluant 34 272 patients, trouve une réduction de 30% des accidents cardiovasculaires, ayant provoqué ou non des décès.

Fiona Taylor et al, Statins for the primary prevention of cardiovascular disease, Cochrane Database Syst Rev, 2011, (1) : CD004816.

Dans une méta-analyse de 5 études comprenant 4351 diabétiques, la prise de statine apparaît réduire de 15% les risques d’accident cardio ou cérébro-vasculaire.

Folgerdiena M de Vries et al, Efficacy of Standard and Intensive Statin Treatment for the Secondary Prevention of Cardiovascular and Cerebrovascular Events in Diabetes Patients: a Meta-Analysis, PLoS One, 2014, 9 (11) : e111247.

Néanmoins de telles conclusions restent à moduler. Lorsque des scientifiques analysent les études ils trouvent que les laboratoires                sélectionnent les patients, ne publient pas la totalité des résultats, et omettent de reporter les effets secondaires. Ils estiment qu’environ 30% des résultats positifs sont attribuables à des manipulations.

David Krauth et al, Nonindustry-Sponsored Preclinical Studies on Statins Yield Greater Efficacy Estimates Than Industry-Sponsored Studies :            a Meta-Analysis, PLoS Biol, 2014 Jan, 12 (1) : e1001770.

Cette procédure est une routine dans l’industrie pharmaceutique. Sur 124 méta-analyse les auteurs notent une discrépance entre les résultats et les conclusions et mettent en évidence que la corrélation significative principale avec des conclusions favorables est… le lien financier avec le laboratoire bénéficiaire !

Yank V et al, Financial ties and concordance between results and conclusions in meta-analyses : retrospective cohort study, BMJ, 2007, 335 (7631), 1202-5

Lundh A et al, Industry sponsorship and research outcome, Cochrane Database Syst Rev, 2012, 12, MR000033

« Big Pharma n’avait pas besoin de cela… Un nouveau scandale éclabousse l’industrie pharmaceutique et si, à la différence du scandale du Mediator, cette affaire n’a heureusement pas fait de victime, elle éclaire d’une lumière crue les relations parfois ambiguës qui existent entre les géants du secteur et les scientifiques. Tout tourne autour d’une des molécules les plus utilisées dans le traitement contre l’hypertension artérielle, le valsartan. Ce médicament est commercialisé par Novartis sous le nom de Tareg en France et de Diovan pour des pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou le Japon. Il est considéré comme un « blockbuster » pharmaceutique, c’est-à-dire un médicament vedette : en 2010, le Diovan a ainsi constitué la meilleure vente de Novartis, avec un chiffre d’affaires mondial de plus de 6 milliards de dollars !

Si l’année 2010 a été l’année de tous les records commerciaux pour cette molécule, c’est en partie grâce aux résultats d’une étude japonaise publiée quelques mois plus tôt, le 31 août 2009, par le European Heart Journal. Pendant plus de trois ans, les auteurs de ce travail coordonné par le cardiologue Hiroaki Matsubara, alors professeur à l’Université préfectorale de médecine de Kyoto …ont suivi quelque trois mille personnes souffrant d’hypertension artérielle et présentant de forts risques de maladies cardiovasculaires. Certains patients prenait du valsartan tandis que les autres avaient un traitement d’un genre différent. Résultat : en plus de son effet antihypertenseur, la molécule de Novartis réduisait de manière si significative les risques d’angine de poitrine et d’accident vasculaire cérébral que les chercheurs décidèrent d’interrompre prématurément l’étude. Ils jugeaient en effet non-éthique de ne pas donner du valsartan à tout le monde étant donné les bénéfices qu’apportait sa prise dans le domaine cardiaque. Evidemment, le géant suisse de la pharmacie ne se priva pas de mettre ce résultat spectaculaire en avant pour la promotion du médicament….

Mais la « success story » prend ensuite un curieux tournant. En 2011, des blogueurs signalent des anomalies dans plusieurs articles d’Hiroaki Matsubara.

L’enquête a…révélé que des données sur les participants avaient été falsifiées pour faire apparaître les fameux « bénéfices » concernant les angines de poitrine et les AVC. L’université a épluché les dossiers médicaux de 223 patients de l’étude de Kyoto et s’est aperçue que pour 34 d’entre eux, on avait pris en compte de fausses informations : pour les personnes du groupe recevant du valsartan, on avait minoré les problèmes cardiaques subséquents et, pour les patients du groupe témoin, on avait exagéré lesdits problèmes. C’est de cette manipulation que sont nés les fameux effets positifs de la molécule….

Dernière information et pas la moindre, dans l’article (payant) qu’elle vient de consacrer à ce scandale, la revue Science souligne que le laboratoire d’Hiroaki Matsubara a reçu, pour ses recherches, environ 1,4 million de dollars de la part de – devinez qui ? – Novartis, encore et toujours ».

Pierre Barthélémy, Passeur du Science, blog du journal Le Monde, 21 Juillet 2013

Pour en savoir plus sur les manipulations de « Big Pharma » :

Les malices sulfureuses de l’industrie pharmaceutique, émission Continents Sciences, France Culture, 11 Mai 2015 www.franceculture.fr/emission-continent-sciences-les-malices-sulfureuses-de-l’industrie-pharmaceutique-2015-05-11

Stéphane Horel, Les médicamenteurs, 2010

Quentin Ravelli, La Stratégie de la bactérie – Une enquête au coeur de l’industrie pharmaceutique, 2015

John Virapen, Médicaments : effets secondaires, la mort, 2014

Marcia Angell, La vérité sur les compagnies pharmaceutiques :   comment elles nous trompent et comment les contrecarrer, 2005

J Claude St-Onge, Amir Khadir, L’envers de la pilule. Les dessous de l’industrie pharmaceutique, 2005

Brigitte Chamak, Laurent Lefèvre, Faits et méfaits de l’industrie pharmaceutique, http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/06/faits-et-méfaits-de-lindustrie-pharmaceutique-.html

Jean Baptiste Jacquin, Le Viagra des brevets, Le Monde 27 février 2012

Les méta-analyses les plus récentes trouvent, maintenant que beaucoup d’études négatives qui n’avaient pas été publiées sont devenues accessibles sous les pressions de la justice, des résultats plus que décevants pour ces médicaments.

L’analyse (méta-analyse) par le groupe Cochrane (la revue de référence mondiale sur ce type de travail) de 14 essais cliniques portant sur 34 272 participants sans antécédent de maladie cardiovasculaire a conclu qu’il existe peu de preuves que ces médicaments contre le cholestérol protègent des personnes qui ne présentent pas de risque élevé.

(Nous verrons plus bas que celles qui ont des risques élevés : hypertendus, diabétiques, insuffisants cardiaques ou rénaux, ne sont pas du tout protégées).

Mais qu’en est-il des personnes à risque élevé, mais toujours sans antécédent ?

Des chercheurs de l’Université de Cambridge ont répondu à cette question en juin 2010. Ils ont analysé les résultats de 11 essais cliniques randomisés portant sur 65 229 personnes dont le risque cardiovasculaire était modéré à élevé.

Résultats : la prescription de ces médicaments ne diminue pas la mortalité.

Une autre méta-analyse de 4 essais cliniques contre placebo, soit 2344 patients, a trouvé qu’un traitement par statine, bien qu’il divise par deux le niveau de cholestérol sérique, ne ralentit pas plus qu’un placebo la progression du rétrécissement de l’aorte.

Teo KK et al, Lipid Lowering on Progression of Mild to Moderate Aortic Stenosis: Meta-analysis of the Randomized Placebo-Controlled Clinical Trials on 2344 Patients, Can J Cardio, 2011 Jul 8

Taylor F, Statins for the primary prevention of cardiovascular disease. Cochrane Database Syst R, 2011 ; (1) : CD004816

Par ailleurs, si, concernant les statines, un résultat apparaît dans une minorité d’études, les auteurs notent qu’il n’y a pas de rapport entre les baisses de cholestérol et les résultats, retrouvant une observation faite depuis longtemps comme dans l’étude WOSCOPS.

West of Scotland Coronary Prevention Study Group. Influence of pravastatin and plasma lipids on clinical events in the West of Scotland Coronary Prevention Study (WOSCOPS), Circulation,  97, 1440-5, 1998

Ceci implique que si les statines ont des effets positifs,c’est, contrairement au dogme dominant, par un autre mécanisme que la baisse du cholestérol.

Chez 1702 hommes et femmes sans antécédents cardiovasculaires et 1182 patients ayant déjà des antécédents, la prise de statines pendant 24 semaines fait baisser de 16,9% la protéine C reactive (CRP), ce qui montre un effet anti-inflammatoire cohérent avec la physiopathologie, maintenant décryptée, de l’athérome.

On sait depuis les années 90 que les pathologies cardiovasculaires sont avant tout inflammatoires.

Ross R, Atherosclerosis – an inflammatory disease,N Engl J Med, 1999, 340 (2) : 115-26

Par ailleurs, le chef d’orchestre de l’inflammation appelé NF kappa B s’avère être aussi un dérivé du cholestérol.

Mais les effets anti-inflammatoires des statines sont faibles.

Nous pouvons en obtenir de plus puissants, y compris capables de s’opposer à NF kappa B, par des moyens globaux et non médicamenteux et aux effets secondaires positifs, contrairement aux effets négatifs des statines.

Cette faiblesse peut expliquer que de nombreuses études que ce soit en prévention primaire ou secondaire s’avèrent négatives.

Par exemple :

Chez 10 355 âgés de 55 ans ou plus et hypertendus recrutés dans 513 cliniques américaines, on ne constate, malgré une baisse du cholestérol,

aucune différence ni dans les accidents ni dans la mortalité cardiovasculaire.

ALLHAT Officers and Coordinators for the ALLHAT Collaborative Research Group. The Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial. Major outcomes in moderately hypercholesterolemic, hypertensive patients randomized to pravastatin vs usual care : The Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial (ALLHAT-LLT), JAMA, 2002, 288 (23) : 2998-3007

8888 patients ayant déjà subi un infarctus reçoivent une dose normale (20 mg), soit une dose quadruple (80 mg) de statines.

On constate une légère diminution des récidives d’infarctus non mortels, mais aucune différence dans les accidents coronariens,                                 ni dans la mortalité cardiovasculaire.

Pedersen TR et al, High-dose atorvastatin vs usual-dose simvastatin for secondary prevention after myocardial infarction: the IDEAL study : a randomized controlled trial, JAMA, 2005, 294 (19) : 2437-45

Dans l’étude SPARCL chez 4731 sujets ayant récemment subi un accident ischémique transitoire ou un accident vasculaire cérébral (AVC), dont 794 diabétiques, la prise de statines ne réduit ni les récidives d’AVC, ni les accidents cardiovasculaires, mais augmente un peu les risques d’accident vasculaire cérébraux hémorragiques.

Callahan A et al, Risk of stroke and cardiovascular events after ischemic stroke or transient ischemic attack in patients with type 2 diabetes or metabolic syndrome : secondary analysis of the Stroke Prevention by Aggressive Reduction in Cholesterol Levels (SPARCL) trial, Arch Neurol, 2011, 68 (10) : 1245-51 

Dans l’étude CORONA sur 5011 patients de 60 ans ou plus, insuffisants cardiaques, la prise de statine ne réduit ni les événements coronariens                ni la mortalité cardiovasculaire.

Kjekshus J et al, Rosuvastatin in older patients with systolic heart failure, N Engl J Med, 2007, 357 (22) : 2248-61

Mêmes résultats négatifs dans l’étude GISSI-HF en double aveugle menée dans 326 services de cardiologie et 31 de médecine interne en Italie.

Gissi-HF Investigators et al, Effect of rosuvastatin in patients with chronic heart failure (the GISSI-HF trial) : a randomised,double-blind, placebo-controlled trial, Lancet, 2008, 372 (9645) : 1231-9

Même résultats négatifs chez 2776 patients, âgés de 50 à 80 ans, insuffisants rénaux et donc à risque cardiovasculaire élevé dans l’étude AURORA.

Fellström BC et al, Rosuvastatin and cardiovascular events in patients undergoing hemodialysis, N Engl J Med, 2009, 360 (14) : 1395-407

Même résultat dans l’étude 4D, aussi menée chez des insuffisants rénaux :  Der Deutsche Diabetes Dialyse Studie.

4 ans après la publication des résultats négatifs de cette étude, des chercheurs veulent voir l’étude a influencé les prescriptions.Ils découvrent en analysant les ordonnances de l’ensemble des diabétiques dialysés dans l’état canadien d’Ontario, que le nombre des patients concernés mis sous statines a continué à augmenter.

De toute évidence, le marketing est plus fort que la science !

Lam NN et al, Results of a randomized controlled trial on statin use in dialysis patients had no influence on statin prescription, Kidney Int, 2009, 76 (11) : 1172-9

Sur une méta-analyse comprenant plus de 150 000 personnes,les statines ne réduisent pas les risques thrombo-emboliques veineux.

Rahimi K et al, Effect of statins on venous thromboembolic events : a meta-analysis of published and unpublished evidence from randomised controlled trials, PLoS Med, 2012, 9 (9) : e1001310

Donc des gains bien faibles, mais à quels risques ?

Quels sont les effets secondaires attribuables aux statines ?

fatigue
faiblesse musculaire
douleurs musculaires, myopathie
tendinites 
troubles digestifs fréquents 
céphalées, sensations vertigineuses,
insomnies
altérations de la mémoire
visions troubles, dysgueusies (perte du goût)
éruptions cutanées 
augmentations des transaminases, enzymes du foie, témoin d’une inflammation, rares hépatites 
diabètes…

En ce qui concerne les troubles musculaires, les statines engendrent :

un dysfonctionnement mitochondrial
des myopathies
des dépôts de lipides intramusculaires

Phillips PS et al, Statin-associated myopathy with normal creatine kinase levels, Ann Intern Med, 2002 ;137 (7) : 581-5

Marcoff L et al, The role of coenzyme Q10 in statin-associated myopathy : a systematic review, J Am Coll Cardiol, 2007 ;

49 (23) : 2231-7

Chez les près de 10 000 patients des 3 études TNT (Treating to New Targets), IDEAL (Incremental Decrease in End Points Through Aggressive Lipid Lowering) et SPARCL (Stroke Prevention by Aggressive Reduction in Cholesterol Levels), on observe une incidence de diabètes augmentée sous statines de 29 à 37%.

Waters DD et al, Predictors of new-onset diabetes in patients treated with atorvastatin : results from 3 large randomized clinical trials, J Am Coll Cardiol, 2011, 57 (14) : 1535-45

De nombreuses autres études récentes objectivent cette augmentation des diabètes sous statines.

Chan DC et al, Pathogenesis and management of the diabetogenic effect of statins : a role for adiponectin and coenzyme Q10 ?, Curr Atheroscler Rep, 2015 Jan ; 17 (1) : 472

Park ZH et al, Statin-associated incident diabetes : a literature review, Consult Pharm, 2014; 29 (5) : 317-34

Plus de 4000 patients attaquent Pfizer en justice pour avoir contracté un diabète sous Lipitor www.cnbc.com/2014/08/08/pfizer-confronts-surge-of-lawsuits-over-lipitor.html

Derrière la plupart de ces effets secondaires les scientifiques identifient une atteinte des mitochondries, centrales énergétiques des cellules, mais la baisse du cholestérol, nous l’avons vu peut se répercuter sur la plupart des opérations basiques des cellules et donc des organes.

Beatrice A Golomb et al, Statin Adverse Effects : a Review of the Literature and Evidence for a Mitochondrial Mechanism, Am J Cardiovasc Drugs, 2008, 8 (6) : 373–418

Le transporteur principal des électrons permettant la production d’énergie, le coenzyme Q10 est déprimé par la prise de statines.

Rundek T et al, Atorvastatin decreases the coenzyme Q10 level in the blood of patients at risk for cardiovascular disease and stroke, Arch Neurol, 2004; 61 (6) : 889-92

Dès 1993, plusieurs équipes de chercheurs attiraient l’attention sur le fait que plus les doses de statines sont élevées, plus le taux circulant de coenzyme Q10 est abaissé et que cela pouvait avoir de sérieuses conséquences. Mais le rouleau compresseur du marketing de Big Pharma a réduit ces alertes au silence, aidés par l’aveuglement des autorités de santé publique – qui remboursent toujours ces medicaments plus dangereux qu’utiles.

Watts et al, Plasma coenzyme Q (ubiquinone) concentrations in patients treated with simvastatin, J Clin Pathol 1993; 46:1055-7

Ghirlanda G et al, Evidence of plasma CoQ10-lowering effect by HMG-CoA reductase inhibitors: a double-blind, placebo-controlled study, J Clin Pharmacol, 1993; 33 (3) : 226-9

Or le coenzyme Q10 est un protecteur essentiel du cœur et des vaisseaux, et sa baisse un prédicteur de mortalité cardiovasculaire,                           de dégradation du cerveau et de réduction de l’espérance de vie.

Le coenzyme Q10 est le seul antioxydant liposoluble endogène.

C’est un puissant protecteur des LDL contre l’oxydation, mais aussi des lipides des membranes cellulaires et mitochondriales.Il est par ailleurs un facteur majeur de la bioénergétique comme transporteur d’électron sous la membrane mitochondriale.

Il a été démontré anti-athérogènes dans les modèles animaux.

Le coenzyme Q10 aide à la fixation de la SOD extracellulaire sur l’endothélium qu’il protège et améliore la dilatation artérielle, un effet observé en clinique humaine.

Littarru GP et al, Bioenergetic and antioxidant properties of coenzyme Q10 : recent developments, Mol Biotechnol, 2007 ; 37 (1) : 31-7

Des modèles expérimentaux chez l’animal objectivent une réduction de la taille des zones infarctées par le coenzyme Q10, qui apparaît d’autant plus efficace que le cholestérol HDL et l’Apo A1 sont abaissés.

Dadabayev AR et al, Apolipoprotein A1 regulates coenzyme Q10 absorption, mitochondrial function, and infarct size in a mouse model                of myocardial infarction, J Nutr, 2014, 144 (7) : 1030-6 

Chez le rat, le coenzyme Q10 réduit de

54% les dommages sur le myocarde
84% la taille des zones nécrosées
38% la taille des zones infiltrées par des globules blancs.

Tokareva OG et al, Effect of coenzyme Q10 on rat myocardium in the acute stage of experimental infarction, Eksp Klin Farmakol, 2014 ; 77 (7) : 8-10

Chez le chien dont les artères coronaires ont été ligaturées, on observe  en stade d’ischémie-reperfusion :

32% d’arythmies dans le groupe placebo
8% dans le groupe supplémenté à 5 mg/kg en coenzyme Q10
0% dans le groupe supplémenté à 15 mg/kg.

Nagai S et al, The effect of Coenzyme Q10 on reperfusion injury in canine myocardium, J Mol Cell Cardiol, 1985 ; 17 (9) : 873-84

Les patients qui ont fait un arrêt cardiaque ont des taux circulants de coenzyme Q10 plus bas que les autres.

Ceux qui en sont décédés avaient des taux encore plus bas que ceux qui ont survécu.

Coenzyme Q10 circulants :

contrôles                                     : 0,75 micromoles/l
survivants à un arrêt cardiaque  : 0,47 micromoles/l
décédés                                      : 0,27 micromoles/l.

Le taux de coenzyme Q10 n’est pas seulement un prédicteur de mortalité, mais aussi de séquelles neurologiques.

patients sans séquelles graves :  0,49 micromoles/l
patients avec séquelles graves :  0,27 micromoles/l

Michael N. Cocchi et al, Coenzyme Q10 levels are low and associated with increased mortality in post-cardiac arrest patients, Resuscitation, 2012 ; 83 (8) : 991–995.

Et à l’inverse le coenzyme Q10 est un des cardioprotecteurs majeurs.

On démontre une relation inverse entre les taux circulants de coenzyme Q10 et de NT-proBNP, un facteur de risque d’insuffisance cardiaque dans une population de personnes âgées en moyenne de 52 ans.

Onur S et al, Association between serum level of ubiquinol and NT-proBNP, a marker for chronic heart failure, in healthy elderly subjects, Biofactors, 2015 ; 41 (1) : 35-43 

La baisse du coenzyme Q10 circulant est, chez les insuffisants cardiaques, un facteur prédictif de mortalité augmentée indépendant de tous les autres.

La sous-population ayant les taux les plus bas subit un doublement de la mortalité.

Molyneux SL et al, Coenzyme Q10: an independent predictor of mortality in chronic heart failure, J Am Coll Cardiol, 2008 ; 52 (18) : 1435-41 

Dans une méta-analyse, on observe

des déficits de coenzyme Q10 dans le myocarde des insuffisants cardiaques
une amélioration significative clinique et fonctionnelle chez près des deux tiers des patients à partir de 100 mg/j.

Mortensen SA et al, Perspectives on therapy of cardiovascular diseases with coenzyme Q10 (ubiquinone), Clin Investi, 1993 ; 71 (8 Suppl) : S116-23

Une méta-analyse refaite 20 ans plus tard conclut que la supplémentation en coenzyme Q10

améliore en moyenne de 3.67% la fraction d’éjection
et améliore de −0.30 points le score fonctionnel NYHA.

La dose minimale est de 100 mg/j et la durée minimale de 12 semaines pour qu’apparaisse une amélioration significative.

Remarque : ces doses sont ridiculement faibles, dans une insuffisance cardiaque, il faut plutôt viser 1200 mg/j.

Fotino AD et al, Effect of coenzyme Q₁₀ supplementation on heart failure : a meta-analysis, Am J Clin Nutr, 2013 ; 97 (2) : 268-75

320 mg d’une forme hydrosoluble de coenzyme Q10 associé à 340 mg de créatine pendant 8 semaines contre placebo chez 67 patients insuffisants cardiaques ayant une fraction d’éjection ventriculaire gauche égale ou inférieure à 35% améliore significativement la consommation en oxygène du myocarde à l’effort (VO2max + 1,8 ml/mn/kg).

Fumagalli S et al, Coenzyme Q10 terclatrate and creatine in chronic heart failure: a randomized, placebo-controlled, double-blind study, Clin Cardiol, 2011 ; 34 (4) : 211-7 

Chez 22 patients souffrant d’un stade avancé d’insuffisance cardiaque    (classes 2 et 3 NYHA), avec une fraction ventriculaire gauche moyenne de 26%, la prise de 200 mg de coenzyme Q10 par jour pendant 12 semaines contre placebo permet de mettre en évidence

une amélioration significative des fonctions du myocarde au repos et à l’effort
une baisse significative de l’hypertension de l’artère pulmonaire au repos et à l’effort.

Munkholm H et al, Coenzyme Q10 treatment in serious heart failure, Biofactors, 1999 ; 9 (2-4) : 285-9

Par ailleurs, nous l’avons vu, faire baisser le cholestérol, perturbe les fonctions membranaires de toutes les organelles, comme les mitochondries et de toutes les cellules, ce qui fait que les perturbations mitochondriales constatées, ne représentent que la partie émergente de l’iceberg.

Autres effets secondaires des statines :

l’augmentation négative du rapport acide arachidonique sur EPA (effet lui pro-inflammatoire)

Harris JI et al, Statin treatment alters serum n-3 and n-6 fatty acids in hypercholesterolemic patients, Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids, 2004 ;71 (4) : 263-9

un effet pro-oxydant sur le foie

Lankin VZ et al, Effect of beta-hydroxy-beta-methylglutaryl coenzyme A reductase inhibitors and antioxidant vitamins on free radical lipid oxidation in rat liver, Bull Exp Biol Med, 2007 ; 143 (4) : 414-7

Plus rares :

des rhabdomyolyses (destruction du tissu musculaire)

entraînant une insuffisance rénale souvent mortelle. La cérivastatine de Bayer ayant provoqué 52 décès aux Etats Unis, a été retirée du marché.

des pancréatites
des fibroses pulmonaires…

Ces risques sont fortement accrus par la combinaison d’une statine et d’un fibrate, déconseillée.

Par ailleurs le fait que le cholestérol soit aussi le précurseur des vitamines D et K et du DHEA a des répercussions multiples.

La vitamine D est essentielle au contrôle de l’inflammation, à la protection cardiovasculaire, à l’immunité, à la prévention de plusieurs cancers et même aux fonctions musculaires.

Les taux de 25-OH vitamine D sont abaissés chez les sujets avec des symptômes musculaires.

L’administration de 25-OH vitamine D à un sous-groupe d’entre eux, dont les taux de 25-OH vitamine D étaient < 32 ng/ml (< 80 nmol/l)             a diminué les symptômes dans 92% des cas.

Ahmed W et al, Low serum 25 (OH) vitamin D levels (< 32 ng/mL) are associated with reversible myositis-myalgia in statin-treated patients,Transl Res, 2009 ; 153 : 11-6

Glueck CJ et al, Vitamin D deficiency, myositis-myalgia, and reversible statin intolerance, Curr Med Res Opin, 2011 ; 27 :1683-90

La synthèse de vitamin K2, depend aussi du cholestérol. Or le manque de vitamine K favorise les calcifications artérielles, l’athérosclérose et certains cancers !

La dépression des vitamines D et K, du coenzyme Q10 et de la DHEA sont tous des facteurs de risque élevé de pathologies dégénératives et de mortalité précoce.

On enregistre tout récemment un tournant dans les publications avec des auteurs qui incriminent les statines dans l’augmentation de l’athérosclérose et de l’insuffisance cardiaque.

Okuyama H et al, Statins stimulate atherosclerosis and heart failure : pharmacological mechanisms, Expert Rev Clin Pharmacol, 2015, 8 (2) : 189-99 

Une autre préoccupation se fait jour. De nombreuses études depuis les années 80 ont observé une diminution du risque de cancers avec un cholestérol total plus élevé.

La très vaste étude récente Me-Can sur 289 273 hommes et 288 057 femmes de Norvège, Suède et Autriche, observe plus précisément :

chez les hommes ayant le quintile de cholestérol le plus élevé une réduction de 86% des cancers du foie et des voies biliaires, de 48% de cancers du pancréas, de 33% de cancers de la peau   (hors mélanomes) et de 32% de leucémies et lymphomes
chez les femmes ayant le quintile de cholestérol le plus élevé une réduction de tous les cancers de 14%, de la vésicule biliaire de 77%, du sein de 30%, de mélanome de 39% et de leucémies et lymphomes  de 39%.

Strohmaier S et al, Total serum cholesterol and cancer incidence  in the Metabolic syndrome and Cancer Project (Me-Can), PLoS One, 2013, 8 (1) : e54242

En contraste des études observent une petite réduction de certains cancers sous statines.

Nguyen T et al, Statin Use Reduces Risk of Esophageal Adenocarcinoma in US Veterans With Barrett’s Esophagus : a Nested Case-Control Study, Gastroenterology, 2015 Jul 21

Harshman LC et al, Statin Use at the Time of Initiation of Androgen Deprivation Therapy and Time to Progression in Patients With Hormone-Sensitive Prostate Cancer, JAMA Oncol, 2015, 1 (4) : 495-504

Mais elles sont démenties par d’autres.

Chan JM et al, Post-diagnostic statin use and the risk of lethal prostate cancer in the Health Professionals Follow-up Study, Cancer Epidemiol Biomarkers Prev, 2015 Jul 19

Zhang XL et al, Statin use and risk of bladder cancer : a meta-analysis, Cancer Causes Control, 2013, 24 (4) : 769-76

Ceci dit, deux mécanismes peuvent expliquer que les statines puissent, une fois un cancer apparu avoir des effets positifs :

la baisse de NF kappa B, le chef d’orchestre de l’inflammation inflammation sans laquelle il n’y a ni prolifération, ni angiogénèse, ni métastatases.
et le fait qu’un dérivé du cholestérol puisse servir de facteur de croissance aux cellules tumorales.

La question est donc ouverte.

Mais, nous l’avons dit, nous disposons de bien d’autres moyens non toxiques d’agir sur NF kappa B d’une part, et d’autre part au lieu de bloquer la synthèse du cholestérol, d’interférer avec ses fonctions cruciales pour les cellules – dont l’immunité indispensable à la lutte contre les tumeurs – et de faire baisser tous ses dérivés essentiels dont le coenzyme Q10, vital pour l’énergie du cancéreux qui en a bien besoin, il faudrait plutôt s’employer           à bloquer seulement la voie qui mène au dérivé impliqué dans la croissance tumorale.

Ceci est d’autant plus important qu’une équipe de l’Inserm à Toulouse, dirigée par Marc Poirot et Sandrine Silvente-Poirot, vient de mettre en évidence une molécule dérivée du cholestérol, appelée dendrogénine A (DDA) qui possède des propriétés anticancéreuses.

Au cours de leurs travaux, publiés dans la revue Nature Communications, les scientifiques ont mis en évidence l’effet inhibiteur du cancer de la DDA, à la fois sur des cellules tumorales cultivées en laboratoires et sur des tumeurs implantées chez la souris.

Ils ont découvert que la DDA était présente dans les cellules saines, mais qu’elle n’était pas détectable dans les cellules tumorales.

www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/actu/d/biologie-cancer-derive-cholesterol-cellules-tumorales-46907/

Au total les bénéfices apportés par les statines bien légers pour des risques peu acceptables.

Déjà Marian Apfelbaum, enfant juif exfiltré du ghetto de Varsovie par un réseau de résistance polonais et recueilli en France par l’œuvre de Secours aux Enfants (OSE), devenu médecin, puis chef du service de nutrition de l’hôpital Bichat à Paris et directeur de l’unité Nutrition humaine de l’INSERM avait écrit en 1992 Vivre avec du cholestérol. Dans ce livre où il faisait le bilan des études réalisées alors avec des hypolipémiants, il concluait qu’en moyenne, ils « tuent un peu, mais pas beaucoup ».

Déjà l’étude de l’OMS avait dû être interrompue du fait de l’augmentation de la mortalité par les fibrates.

Depuis les statines ont fait mieux, puisqu’elles ont encore beaucoup d’effets secondaires que les fibrates, des effets qui pourtant sont selon la plupart des auteurs sous-reportés, du fait que beaucoup de médecins considèrent que faire une déclaration ajoute encore à leur fardeau de paperasserie. Même les hôpitaux qui sont légalement obligés de les déclarer n’en déclareraient que 10%.

On a pu constater les effets de ces défaillances de la  pharmacovigilance avec le devenu tristement célèbre Médiator.

En fermentant du riz blanc avec un champignon microscopique, Monascus purpureus, on obtient une statine, qui, bien que qu’elle naturelle, est donc aussi inhibitrice de l’HMGCoA réductase, fait baisser le cholestérol et relève des mêmes critiques que les statines synthétiques. C’est en fait une forme très proche de la lovastatine.

Des effets toxiques sur les muscles et le foie ont été observés.

Par ailleurs il ne s’agit pas d’un complément alimentaire, mais d’un médicament qui ne devrait pas être pris sans prescription médicale.

Pour en savoir plus :

Marian Apfelbaum, Vivre avec du cholestérol, 1992

Michel de Lorgeril, Cholestérol, mensonge et propagande, 2013

Michel de Lorgeril, Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent. Il vous soignera sans médicament, 2007

www.michel.delorgeril.info

Philippe Even, La vérité sur le cholestérol, 2013

Mais le pire reste à venir.

Les brevets de la plupart des statines ont expiré.

Et l’industrie a fait son beurre.

Reste à rejouer le coup de siècle avec une nouvelle arme.

Des anticorps monoclonaux (anti-PCSK9), beaucoup plus puissants que les statines, sont capables de faire chuter de moitié le cholestérol – et sont….100 fois plus chers. Et ont toutes les chances d’être encore plus dangereux. Les premiers anticorps monoclonaux mis en circulation comme les anti-TNFalpha, le trastuzumab ou Herceptine peuvent provoquer de sévères effets secondaires. L’efalizumab ou Raptiva qui a favorisé des infections mortelles dont des encéphalopathies a été retiré du marché.

Les fibrates réduisaient un peu le cholestérol, créant des effets secondaires sur pratiquement tous les systèmes, les statines plus puissants, ont entraîné des effets secondaires encore plus fréquents et sévères. On peut parier, sans grand risque, que les anticorps monoclonaux encore beaucoup plus efficaces pour faire baisser le cholestérol, vont engendrer des effets négatifs encore plus graves.

Or les autorités américaines viennent  ces dernières semaines d’autoriser la mise sur le marché du premier anti-PCSK9 de chez Sanofi et les autorités européennes ont donné un premier avis positif.

Qui veut faire le cobaye ?

Et l’on vient d’apprendre que l’industrie prépare encore une autre carte improbable.                  

Après avoir manipulé et instrumentalisé les médecins, les autorités de santé publique et les caisses d’assurance maladie, elle se prépare à les court-circuiter. Pfizer fait des pieds et des mains pour faire vendre par les pharmacies son Lipitor (Tahor)… sans ordonnance !

Comme le disent les enfants : « incroyable, mais vrai ! ». Un jour viendra peut-être où, probablement les patients d’abord, puis les autorités de santé publique, puis, en dernier les médecins qui doivent visualiser comment fonctionner autrement, en auront marre d’être les marionnettes des dinosaures de Big Pharma.

 

 

 

 

 

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