Un seul repas en début de vie entraîne des différences durables

14 Juil 2013

L’importance de la nutrition dans la fertilté, dans le déroulement de la gestation, dans le développement in utero, en particulier férébral, dans la croissance, dans l’immunité, dans l’énergie, dans les capacités de détoxification, dans la prévention des pathologies aigues et chroniques, etc… est maintenant documentée par des dizaines de milliers d’études.

Mais les explications reposaient surtout sur :

– l’impact long terme de la qualité et de la quantité de l’alimentation durant la vie  3 repas par jour pendant 80 ans représentent 87 600 repas

– les déficits et les surcharges

– des effets « médicaments » (pharmacologiques) de nombreuses molécules non nutritionnelles présentes dans les aliments.

Or, ces dernières décennies, ont a mis en évidence que l’alimentation pouvait avoir des impacts très importants, et même transmissibles par les gènes aux générations suivantes, simplement sur une courte période in utero via la modification de l’expression génétique (épigénétique).

Encore plus étonnante, cette étude, qui montre – chez des lézards – que « le premier repas agit sur toute la vie » !

Voici l’article du Monde qui présente cette découverte qui reste à confirmer chez d’autres espèces et à expliquer.

« Une étude menée sur des lézards vivipares montre que les effets de leur premier repas se font encore sentir deux ans après cette prise alimentaire originelle. « Nous avons été les premiers surpris par nos résultats », admet Manuel Massot, du Laboratoire écologie & évolution, à Paris, auteur d’un travail montrant qu’un événement aussi insignifiant peut influencer la trajectoire de toute une vie.

Pour arriver à ce résultat paru dans Current Biology, mercredi 3 juillet, Manuel Massot et son collaborateur espagnol, Pedro Aragon, ont capturé, en 2002 et en 2003, 120 femelles gravides dans le parc national des Cévennes. Et avec leurs progénitures, ils ont formé deux groupes de respectivement 280 et 289 individus. Au premier, ils ont offert, dès le deuxième jour de vie, des morceaux de vers de farine. Au second, rien. Les petits lézards sont restés à jeun. Et ils l’étaient encore au troisième jour, lorsque tous ont été relâchés dans deux régions du parc, l’une étant plus riche en ressources alimentaires que l’autre.

DIFFÉRENCE DANS LE TAUX DE CROISSANCE

« Signalons pourtant que les lézards non nourris ne sont pas affaiblis, et que leur réserve énergétique n’est pas entamée, explique Manuel Massot.Avec ce premier repas, nous donnons juste à certains un bonus… ni plus ni moins. » Quelques jours après le lâcher, les individus sont capturés. Idem après un an, puis deux ans, période à laquelle ils deviennent adultes.

Les résultats montrent un effet à court terme : les lézards alimentés se dispersent moins que les autres et se laissent capturer moins facilement. »Et pour cause, commente Manuel Massot, des individus nourris sont plus agiles et prennent moins de risques. » De plus, une différence dans le taux de croissance apparaît, mais seulement sur le territoire où les ressources alimentaires sont limitées. « Dans l’autre site d’étude, les membres du groupe non nourri ont récupéré leur retard sans encombre. » En tout cas, les survivants. Le taux de survie des individus non nourris reste en effet inférieur à celui des autres.

MOINS DE NOUVEAU-NÉS QUE LES AUTRES

Mais plus étonnants sont les effets à long terme : parvenues à l’âge de 2 ans, les femelles du groupe ayant été nourries par les chercheurs produisent moins de nouveau-nés que les autres. Une variation aussi petite et éphémère qu’une prise alimentaire suffit donc pour modifier durablement la vie des individus. Et qui plus est dans un sens inattendu. »En toute logique, les femelles nourries auraient dû produire davantage de nouveau-nés, confie Manuel Massot. A ce stade, nous ne comprenons pas la cascade d’événements qui a conduit à ce résultat. » Celui-ci ne semble en tout cas pas être le fruit du hasard. « D’un point de vue statistique, cette étude est très solide, insiste Xavier Bonnet, herpétologue au Centre d’études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres). Les effets sur le nombre d’individus suivis sont significatifs. »

A défaut d’explications claires, les chercheurs proposent le concept de « résonance phénotypique », principe grâce auquel un événement anodin pourrait s’amplifier, par un effet de cascade, et avoir des conséquences à long terme. « Ainsi donc, la prédation, le parasitisme ou la compétition ne seraient pas les seuls moteurs de la sélection : des variations minuscules, fugaces, peuvent aussi influencer l’évolution », conclut Manuel Massot. Convaincu que ce phénomène d’amplification est très répandu dans le règne animal, le chercheur s’attache désormais à cerner ce qui, dans ce premier repas, marque durablement les lézards ».

Vivianne Thivent (Le Monde 8 Juillet 2013)

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