Une poisse mondialisée
En 2014 l’Organisation Mondiale de la Santé enregistre près de 2 milliards de personnes de plus de 18 ans en surpoids, dont 600 millions d’obèses, un chiffre qui a doublé depuis 1980.
Quant aux enfants de moins de 5 ans en surpoids, ils sont 42 millions.
La dernière étude publiée le 1er Avril 2016 dans The Lancet arrive à 650 millions d’obèses, 13% de la population mondiale, soit encore une croissance de presque 10% en un an. Si ce rythme persiste, dès 2025 les obèses représenteront 20% de la population mondiale.
Selon l’étude INSERM-ObEpi, l’évolution est encore plus rapide en France où les obèses qui étaient 3,3 millions en 1997, sont passés à 6,9 millions en 2012, soit touchant 15% de la population. Quant aux personnes en surpoids elles sont plus de 15 millions, soit 32% de la population, ce qui fait au total qu’environ un Français sur deux est soit en surpoids, soit obèse.
14,5% des petits Français de 3 à 17 ans sont en surpoids et 3,5% obèses.
En moyenne, depuis 12 ans, chaque Français a pris 3,1 kg et son ventre s’est arrondi de 4,7 centimètres.
Avec 6% par an en France, la croissance du surpoids affiche des scores nettement meilleurs que la croissance économique…
Pour en savoir plus sur l’épidémie de surpoids et d’obésité :
Les chiffres mondiaux du surpoids selon l’OMS www.who.int/mediacentre/factsheets/fs311/fr/
www.lemonde.fr/sante/article/2016/04/01/13-de-la-population-adulte-mondiale-est-obese-20-pourrait-bientot-l-etre_4893671_1651302.html
Sur quoi se base-t-on pour parler de « surpoids » et d’obésité ?
Les termes sont trompeurs. On peut avoir un poids important à cause d’une corpulence forte où le squelette et les muscles dominent et ne pas être en surpoids.
Malik Hamadache, rugbyman du club d’Albi fait 146 kg sans être en surpoids !
Le corps est composé principalement d’os, de muscles, d’organes,de masse grasse et de liquides (masse hydrique).
Le surpoids et l’obésité se définissent par une composition corporelle où c’est la masse grasse et elle seulement qui se trouve en excès.
Comment évalue-t-on la masse grasse ?
On peut avoir une idée approximative de sa masse grasse en calculant l’Indice de Masse Corporelle ou IMC en divisant son poids par sa taille au carré.
En dessous de 19 on évoque la maigreur. Un IMC entre 20 et 24 est considéré comme dans les normes. Entre 25 et 29 on a probablement un excès de masse grasse et au dessus de 30 une obésité.
Pour être plus précis, on peut acheter une balance impédancemètre qui donnera un pourcentage global de masse grasse (et de masse hydrique).
La masse grasse est génétiquement plus élevée chez la femme que chez l’homme.
La femme est en effet programmée pour avoir 30% d’adipocytes (les cellules qui stockent la graisse) de plus que l’homme, afin de posséder, surtout au niveau de ses cuisses, de ses hanches et de ses fesses, une réserve énergétique qui assure, même en cas d’apports alimentaires irréguliers – comme cela a dû souvent avoir lieu dans le passé -, une partie du coût calorique d’une grossesse et de l’allaitement.
Elle est a priori normale entre 20 et 35% chez la femme et entre 10 et 25% chez l’homme (mais se décale avec l’âge – ce qui est « admis » en fonction des moyennes constatées de fait, mais n’est en réalité pas souhaitable).
Toutes les masses grasses se valent-elles ?
Jean Vague, un endocrinologue de Marseille, a été un grand pionnier, en observant que la masse grasse au dessous et au dessus de la ceinture n’ont pas les mêmes conséquences.
Une accumulation excessive de masse grasse sous la ceinture qu’il a appelée surpoids « gynoïde » a pour complications :
une paresse du retour veineux et des risques thrombo-emboliques augmentés
une accélération des processus arthrosiques sur les genoux et les hanches.
Une accumulation excessive de masse grasse au dessus de la ceinture – que ce soit chez l’homme ou chez la femme – est un important facteur de risque :
de diabète
et de maladies cardiovasculaires.
Un des mécanismes majeurs découverts par la suite est que la graisse autour des viscères libère en permanence un flux d’acides gras dans le sang, ce qui d’abord augmente les triglycérides circulants et ensuite désensibilise les récepteurs à l’insuline. Il faut de plus en plus d’insuline pour faire entre le glucose dans les cellules, ce qu’on appelle l’insulino-résistance, préalable au diabète.
Or l’insuline fait aussi entrer les acides gras dans le tissu adipeux et donc la montée de l’insuline (hyperinsulinisme) sert aussi de moteur accélérateur du gain de masse grasse.
C’est ce qu’on appelle un « cercle vicieux », source d’auto-aggravation.
Il est donc important d’évaluer cette répartition.
Elle peut être visible à l’œil nu si l’on a « du ventre «.
On peut aussi mesurer avec un mètre souple de coutière son rapport taille-hanche (RTH). Il suffit de prendre le tour de taille le plus petit et le tour de hanches le plus large et de diviser le premier par le second.
Les femmes sont évidemment censées l’avoir nettement plus faible que les hommes.
RTH normal chez la femme: 0,65 – 0,85
RTH normal chez l’homme: 0,85 – 1
Lorsque le RTH est au-dessus de 0,85 on parle de surpoids androïde ou mixte chez la femme, un surpoids qui présente les mêmes risques de diabète et de maladies cardiovasculaires que chez l’homme.
Mais de la graisse peut d’accumuler autour de nos intestins sans qu’elle soit visible de l’extérieur.
On peut avoir une idée de la quantité de masse grasse péri-viscérale par des appareils d’impédancemétrie professionnels, mais la méthode de référence est l’absorptiométrie biphotonique ou DXA. Cet examen qui est en général pratiqué pour mesurer la densitométrie osseuse (au niveau des vertèbres lombaires, du col du fémur et du poignet), afin de dépister une ostéoporose, peut être utilisé pour avoir une composition corporelle totale qui donnera une composition beaucoup plus exacte et surtout une représentation « photographique » de la localisation des graisses.
Pour en savoir plus sur la masse grasse viscérale :
www.esculape.com/cardiologie/idm_taille_hanche.html
Calculateur RTH
http://promotionsante.ch/population/produits-et-services/alimentation-et-activite-physique/calculateur-rth.html
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