Que se passe-t-il à la ménopause ?

Un capital reproductif différent chez l’homme et chez la femme.

Les femmes et les hommes ne sont pas seulement différents par leur apparence. Ils le sont aussi par leur manière de fabriquer leurs cellules germinales, celles qui leur permettent de se reproduire.

Chez l’homme les spermatozoïdes ne sont produits qu’à partir de la puberté dans les testicules. A partir de la puberté une spermatogénèse permanente génère les cellules vectrices des gènes qui vont être en position pour féconder les ovules.

La production de spermatozoïdes décroît avec l’âge, mais même si l’on parle d’andropause, il ne s’agit pas d’un arrêt brutal et définitif comme celui qu’on observe chez la femme, la ménopause. Potentiellement un homme pourrait continuer à avoir des enfants jusqu’à la fin de sa vie.

Un cas documenté dans le célèbre JAMA (Journal of the American Medical Association) est celui de George Isaac Hughes, né en 1840, qui a eu un fils à 94 ans en 1934 et une fille à 96 ans.

La femme, contrairement à l’homme, non seulement arrive au monde avec toutes ses cellules germinales, tous les ovules qui vont lui permettre de se reproduire, mais avec un excès considérable d’entre elles. Elle en porte plusieurs millions alors que dans sa vie reproductrice qui va de la puberté à la ménopause, elle n’en utilisera au plus, en admettant qu’elle soit fertile de l’âge de 10 ans à l’âge de 50 ans, que 12 fois 40, ce qui fait 480 !

Dès le début de sa vie, une très grande quantité d’entre ces ovules sont « suicidés » par un phénomène qu’on appelle l’apoptose, grâce à des gènes qui programment cette auto-destruction utilisée aussi par exemple pour faire disparaître les palmes héritées de l’évolution que porte à un moment de son développement dans le ventre de sa mère le fœtus, ou pour éliminer les cellules des organes et tissus en fin de vie avant qu’elles ne soient remplacées par des neuves issues des cellules souches.

A la ménopause les ovules qui n’auront par été utilisés seront alors aussi éliminés.

Comme on le sait, sinon, chaque mois, au milieu du cycle, suite à une montée intense d’hormones (la LH ou hormone lutéinisante de l’hypophyse et les oestrogènes), se produit une ovulation. Soit l’œuf est fécondé et peut se développer au cours de la grossesse, soit il ne l’est pas et il est alors évacué avec la muqueuse spongieuse qui avait été préparée pour sa nidation. Ce sont les règles.

Ce cycle s’arrête à la ménopause. Il n’y a plus de variations mensuelles des niveaux hormonaux d’oestrogènes et de progestérone. Ceux-ci s’effondrent. Il n’y a plus non plus de règles.

Une femme est techniquement considérée en post-ménopause quand elle n’a plus eu de règles pendant 12 mois consécutifs (sauf en cas d’allaitement prolongé qui inhibe le cycle ou d’hystérectomie, l’ablation chirurgicale de l’utérus).

La ménopause peut être donc datée rétrospectivement à un an avant la fin de cette période.

La péri-ménopause est une période allant de 2 à 7 ans avant la ménopause et où les troubles peuvent déjà s’installer et être même plus intenses qu’après la ménopause.

La ménopause se produit habituellement entre 45 et 55 ans.

La moyenne est 51 ans dans les sociétés occidentales, mais certaines femmes continuent à avoir des règles après 60 ans (et parfois des enfants).

En France, 7 % des femmes entre 40 et 44 ans et 83 % des femmes entre 50 et 54 ans sont ménopausées.

Les femmes maigres souffrent plus du climatère de ménopause que les femmes plus enrobées ou rondes. Pourquoi ?

Parce que le tissu adipeux peut produire des oestrogènes à partir des androgènes produits par la glande surrénale grâce à des enzymes appelés aromatases.

Par contre de ce fait, les femmes plus rondes, sont plus à risques de cancers hormono-dépendants (seins, ovaires, endomètres), que les femmes maigres.

La ménopause existe-t-elle chez les animaux ?

Elle est rare. On la décrit chez les éléphantes, orques, lionnes, babouines.

Le traitement hormonal substitutif (THS)

Pendant quelques dizaines d’années, la pratique de donner à la ménopause des oestrogènes et de la progestérone a été répandue dans les pays occidentaux.

Elle a assez efficacement permis de lutter contre les bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale. Et sa promotion a été agrémentée d’un certain nombre de promesses.

La prévention de l’ostéoporose a été une des « promesses »mises en avant pour la promotion du traitement oestroprogestatif de la ménopause. De même que celles d’un ralentissement du vieillissement et de la prévention des risques cardiovasculaires et de déclin cognitif.

Ceci avait permis une très vaste mise en place.

Mais, coup de tonnerre dans un ciel serein !

En 2002 sont publiés les résultats de l’étude Women’s Health Initiative Hormone Therapy qui a recruté entre 1993 et 1998 dans 40 centres cliniques aux USA 27 347 femmes ménopausées entre 50 et 79 ans. Elles ont reçu soit un THS soit un placebo.

Après seulement 5 ans de suivi (alors que ces traitements étaient donnés sur des dizaines d’années), les chercheurs observent chez les femmes sous THS une augmentation des risques de :

cancer du sein de 26%
infarctus de 29%
accident vasculaire cérébral de 41%
d’embolie pulmonaire de 113%

et une diminution de :

17% des cancers de l’endomètre
37% moins de cancers colo-rectaux
34% de fracture du col du fémur.

Au total pour 10 000 femmes le THS a provoqué 7 accidents cardiaques, 8 accidents vasculaires cérébraux, 8 embolies pulmonaires, et 8 cancers du sein invasifs et évité 5 fractures du col du fémur et 6 cancers colorectaux.

Ce qu’on appelle le « rapport bénéfices/risques » est, pour le moins que l’on puisse dire, très mauvais.

Encore plus quand on considère que les femmes qui n’étaient pas malades recevaient par millions ce traitement en prévention.

Une très mauvaise surprise a été aussi que la progestérone qui était censée protéger des risques de cancer du sein, s’est avérée au contraire un promoteur puissant.

Comme le THS utilisé aux Etats-Unis était à base d’oestrogènes équins et de progestatifs de synthèse, différents du THS utilisé en Europe, d’autres études ont été menées qui ont montré que l’utilisation d’une voie transcutanée pour les oestrogènes et de la progestérone naturelle représentaient moins de risques. Mais dans le cadre d’une simple prévention ils restent inacceptables.

Sur 6 000 femmes âgées de plus de 65 ans une équipe de chercheurs de l’Inserm dirigée par Pierre-Yves Scarabin (Unité Inserm 1018 « Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations »), montre que des taux élevés d’œstradiol sanguin exposent à un risque plus important d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral, donc qu’ils proviennent d’une forme orale ou percutanée

Des recommandations de ne pas utiliser le THS chez des femmes à risque de cancer du sein ou à risque d’accident thrombo-embolique et de limiter leur durée ne suffisent pas, comme le montre l’équipe Inserm « Nutrition, Hormones et Santé des Femmes« du Centre de recherche en Épidémiologie et Santé des Populations (U1018, CESP, Villejuif) avec la cohorte E3N. « Notre étude révèle que si le risque d’avoir un cancer du sein est deux fois plus important pour les femmes au moment de leur traitement, il  reste encore 1,4 fois plus important dans les 5 ans suivant l’interruption du traitement ainsi que dans les 5 à 10 ans après » déclare  Agnès Fournier de l’Institut Gustave Roussy.

On a aussi proposé de donner le THS tout de suite après la ménopause et de renoncer à traiter à distance de la ménopause.

Mais commencer un traitement hormonal de la ménopause peu de temps après l’installation de la ménopause plutôt que quelques années plus tard ne limite pas le risque de cancer du sein. C’est ce qu’indique l’étude réalisée par l’équipe « Nutrition, hormones et santé de la femme » (Villejuif) coordonnée par Françoise Clavel-Chapelon, directrice de recherche Inserm. Ces résultats se fondent sur les données recueillies auprès de 50 000 femmes de la cohorte E3N.

Pour en savoir plus sur les risques associés au traitement hormonal substitutif :

Rossouw JE et al, Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopausal women: principal results From the Women’s Health Initiative randomized controlled trial,JAMA, 2002, 288 (3) : 321-33

Risks and Benefits of Estrogen Plus Progestin in Healthy Postmenopausal Women. Principal Results From the Women’s Health Initiative Randomized Controlled Trial, JAMA, 2002, 288, 3

The 2012 Hormone Therapy Position Statement of the North American Menopause Society. Menopause, The Journal of The North American Menopause Society, 2012, 19, 3, 257/271

www.inserm.fr/espace-journalistes/traitement-de-la-menopause-et-cancer-du-sein-commencer-tot-ne-limite-pas-le-risque

www.inserm.fr/espace-journalistes/aestrogenes-et-risques-cardiovasculaires-chez-les-femmes-menopausees

Rossouw JE, Postmenopausal Hormone Therapy and Risk of Cardiovascular Disease by Age and Years Since Menopause, JAMA, 2007, 297,13,1465-1477

Fournier A et al, Unequal risks for breast cancer associated with different hormone replacement therapies : results from the E3N cohort study, Breast Cancer Res Treat, 2008, 107 (1) : 103-11

Alors comment vivre sa ménopause plus confortablement à court et à long terme ?

Les études soutiennent l’emploi de la DHEA (en foncfion de dosage de chaque personne en SDHEA) et des phytooestrogènes, avec la possibilité d’approches nutritionnelles complémentaires en cas de bouffées de chaleur, de sécherresse vaginale, de dépression, de risques d’ostéoporose, de vieillissement accéléé…

C’est ce que je développe dans le numéro des Dossiers Santé et Nutrition qui va sortir fin Julllet (www.santenatureinnovation.com/publications/les-dossiers-de-sante-et-nutrition/). 

Je vous souhaite un très bel été.

 

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Le Dr Jean-Paul CURTAY, de renommée internationale, est un des pionniers de la nutrithérapie. Il a créé en France la première consultation dans cette discipline médicale nouvelle.