Migraines : comment échapper à ces orages cérébraux ?

Qu’est ce que la migraine ?

La migraine est la répétition pendant des années, de crises de maux de tête associant céphalées et nausées, avec souvent une exacerbation de la douleur par la lumière qui oblige la personne qui en souffre à rester dans le noir (photophobie), parfois aussi par les bruits (phonophobie) et surtout par les mouvements, ce qui amène si elle est intense à se coucher.

Contrairement aux simples maux de tête, généralement liés à des tensions musculaires, les douleurs de la migraine sont unilatérales (d’un seul coté du crâne) et pulsatiles (impression de sentir les battements du cœur dans la tête).

La crise peut durer de plusieurs heures à plusieurs jours et est, en général, très handicapante. Chez la moitié des migraineux elle ne dépasse pas 6 heures. Chez 10% d’entre eux elle excède 48H.

Les plus malchanceux peuvent être touchés par une migraine chronique définie par la Société internationale des céphalées comme des maux de tête survenant au moins 15 jours par mois, dont la moitié au moins présentant les caractéristiques de la migraine pendant plus de 3 mois. Nous verrons que la cause principale en est la prise excessive de médicaments.

Chez 20 à 30 % des migraineux, la céphalée est précédée ou s’accompagne d’une aura, un trouble neurologique transitoire entièrement réversible.

Les auras peuvent comprendre des troubles visuels (migraine ophtalmique), sensitifs et/ou des troubles du langage qui apparaissent lentement, sur plusieurs minutes.

Les troubles visuels sont les plus fréquents (90 % des cas) avec la vision de points, de taches brillantes (« phosphènes ») ou encore la présence de lignes brisées lumineuses  (« scotomes ») dans le champ de vision.

Plus rarement, heureusement, on peut un moment perdre la moitié du champ visuel de chaque œil (« hémianopsie »), ou même la vision d’un œil.

Moins souvent, il peut aussi s’agir, de fourmillements ou d’engourdissement d’une main ou de la face, ou encore de difficultés à s’exprimer.

Certaines personnes font même l’expérience d’hallucinations.

A part se situe la névralgie d’Arnold qui est à l’origine de douleurs classiquement vives et intenses, unilatérales, dans le territoire du nerf grand occipital (ou nerf d’Arnold), allant de la partie latérale haute de la nuque jusqu’au sommet du crâne et parfois l’œil.

Elle est le plus souvent dûe à une irritation/compression du nerf (comme la sciatique, mais au niveau cervical). La douleur est souvent décrite comme étant à type de « décharges électriques » ou de « brûlures » irradiantes plutôt que pulsatile et vasculaire.

De ce fait, même si elle unilatérale, elle ne rentre pas dans la catégorie des migraines.

Quelques migraineux célèbres :

Hippocrate (-377)

Hildegarde de Bingen (1098-1180)

Blaise Pascal (1623-1662)

Voltaire (1694-1778)

Alfred de Vigny (1797-1863)

Arthur Schopenhauer (1788-1860)

Victor Hugo (1802-1885)

George Sand (1804-1876)

Frédéric Chopin (1810-1849)

Lewis Carroll (1832-1898)

Friedrich Nietzsche (1844-1900)

Sigmund Freud (1856-1939)

André Gide (1869-1951)

Un objectif : réduire l’hyperactivité NMDA

Le mécanisme central de la migraine est en fait commun à celui de la perception centrale de la douleur, l’épilepsie et du vieillissement cérébral, c’est –comme nous l’avons abordé plus haut – l’hyperactivité du récepteur NMDA stimulé, soit par le glutamate, soit par l’aspartate.

Une activité modulée du récepteur NMDA contribue à la formation de  nouvelles synapses et à la mémorisation, mais une activité excessive, insuffisamment modulée entraîne un phénomène dit d’excito-toxicité dont l’une des manifestations est la migraine.

On sait maintenant que l’hyperactivation des récepteurs NMDA inhibe l’action des endorphines qui sont responsables d’un puissant effet antalgique et de notre état de bien-être, ce qui contribue à expliquer l’intensité de la douleur dans la migraine.

Par ailleurs cette hyperactivité a des effets toxiques qui peuvent aller jusqu’à l’apoptose (suicide cellulaire) sur les neurones des circuits GABAergiques, sédatifs et anti-anxiété (sur les récepteurs desquels agissent les anxiolytiques).

Enfin une fois les récepteurs NMDA hyperactivés ils sensibilisent à tout stimulus, ce qui permet de comprendre pourquoi les migraineux voient leur douleur déclenchée ou aggravée par n’importe quels changements dans l’environnement.

Les chercheurs nous ont aussi appris que le récepteur NMDA est aussi activé par le stress oxydatif et l’inflammation. Et que son activation déclenche une entrée massive de calcium dans le neurone.

Cette entrée de calcium peut être inhibée principalement par le magnésium qui est l’inhibiteur calcique physiologique et accessoirement par le zinc.

Ceci explique que de nombreuses études aient mis en avant et le magnésium et le zinc comme puissants neuroprotecteurs.

Autrement dit le traitement de fond de la migraine, dont le premier but est de réduire l’hyperactivité des récepteurs NMDA, devrait associer l’évitement du glutamate et de l’aspartate, une alimentation et des compléments antioxydants, anti-inflammatoires et centrés sur le magnésium et le zinc.

La prise de magnésium parvient-elle à prévenir les crises ?

C’est la conclusion documentée par des études de nombreux chercheurs comme Mauskop pour qui le magnésium est au moins aussi efficace que les médicaments ou comme Pringsheim qui a fait la synthèse des études randomisées et en double aveugle utilisant le magnésium dans la prévention des crises de migraine.

Les deux auteurs soulignent le fait que le magnésium a par ailleurs l’avantage de présenter un risque d’effets secondaires proche de zéro ce qui est loin d’être le cas des médicaments.

C’est ce qui a amené l’Organisation Mondiale de la Santé à reconnaître l’efficacité du magnésium contre la migraine et la Société Canadienne sur les Céphalées (Canadian Headache Society) de recommender  qu’il soit le traitement préventif de première intention de la migraine.

Voici par exemple l’une de ces études (Peikert) en double aveugle chez 81 patients de 18 à 65 ans subissant en moyenne 3,6 crises/mois reçoivent soit un placebo, soit 600 mg de magnésium-élément/j pendant 3 mois.

Résultats : dans le groupe magnésium :

la fréquence des migraines est réduite de 41,6% contre 15,8% dans le group placebo
le nombre de jours atteints est aussi significativement diminué
la durée et l’intensité des crises réduite, bien que n’atteignant pas la significativité statistique.

Mais une fois que la crise est là, est-ce que le magnésium peut encore quelque chose ?

Plusieurs études répondent à cette question.

60 patients subissant une crise de migraine sans aura et 60 autres avec aura reçoivent en double aveugle, soit 1 g de magnésium intraveineux, soit un placebo.

Dans le groupe sans aura le magnésium a réduit la douleur de 17% et de manière significative la photophobie et la phonophobie par rapport au groupe placebo.

Dans le groupe avec aura la douleur a été réduite de 36,7 % en une heure et a fait disparaître toute aura dans un nombre plus important de patients que dans le groupe placebo.

Ce thème est développé dans le prochain numéro des Dossiers Santé et Nutrition 

www.santenatureinnovation.com/publications/les-dossiers-de-sante-et-nutrition/

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