Le stress, moteur de la prise de poids

Le stress est une situation où l’on se sent – que ce soit objectivement ou subjectivement – menacé dans ses besoins fondamentaux.

Dans ce cas, les glandes surrénales sécrètent de la noradrénaline, un messager mobilisateur des muscles qui se tendent et de l’ensemble des systèmes pour qu’ils puissent faire face à cette menace. Par exemple le cœur d’accélère pour amener plus de sang aux muscles.

Lorsque c’est objectif, par exemple, une voiture monte sur le trottoir et risque de vous écraser, la mobilisation était indispensable et vous aide à sauver votre vie. Mais la plupart des stress du quotidien sont sensoriels, comme du bruit, ou émotionnels: un embouteillage ou autres contrariétés et frustrations pas associés à des dangers vitaux ou solubles sans mettre tout son corps en tension.

Or, la répétition de ces mises en tensions, fait entrer sous l’effet de la noradrénaline, de grandes quantités de calcium dans les cellules. Car c’est le calcium qui donne aux muscles de se mettre en tension, au cœur de battre plus vite, aux autres cellules de se mobiliser…

Ce calcium chasse du magnésium de l’intérieur de la cellule qui essaie d’en récupérer le maximum, mais elle n’en récupère pas 100%. Tout ce magnésium sorti des cellules fait monter le magnésium qui circule dans le sang. Le rein, dont le travail est d’éliminer tous les déchets et de garder des niveaux égaux de tout ce qui est nécessaire : acides aminés, vitamines, minéraux… en voit passer trop, et passe l’excédent dans les urines.

Au total, les stress répétés du quotidien nous coûtent du magnésium, dissipé dans les urines. Et plus les stress sont intenses, plus ces pertes sont élevées…

Au de là du fait que notre alimentation industrialisée s’est dramatiquement appauvrie en magnésium (et autres minéraux et vitamines), n’apportant en moyenne en France que 240 mg par jour au lieu des quelques 400 recommandés, le stress qui est devenu épidémique et ne cesse de s’amplifier exponentiellement ces dernières années comme le montrent les enquêtes, est la cause principale des déficits qui produisent les effets d’accumulation de graisses et d’inflammation décrits.

Un autre mécanisme mis au jour par le chercheur japonais Yagi amplifie fortement les effets pro-inflammatoires du stress que les études montrent capables de faire monter de façon importante les marqueurs comme la CRP est que la noradrénaline stimule une pénétration intense – en même temps que celle du calcium – de fer dans les cellules.

Or, le fer catalyse de façon explosive l’inflammation.

Et des études étonnantes récentes découvrent qu’un stress, l’approche d’un examen chez des enfants, effondre de 50% la flore digestive en quelques jours ! Encore un « cercle vicieux », puisque les chercheurs   ont déjà montré que les altérations de la flore augmentent la vulnérabilité         au stress, l’inflammation et … la prise de poids.

Enfin, certaines personnes sont génétiquement plus sensibles que d’autres aux stress, principalement car l’un de leurs 6 systèmes connus à ce jour de recapture du magnésium fonctionne moins bien.

Pour en savoir plus sur stress et surpoids :

Rajita Sinha et al, Stress as a common risk factor for obesity and addiction, Biol Psychiatry, 2013, 73 (9) : 827–835

Chandola T et al, Chronic stress at work and the metabolic syndrome : prospective study, BMJ, 2006, 521-525

Dallman MF et al, Chronic stress and obesity : a new view of “comfort food”, Proc Natl Acad Sci USA, 2003, 100 : 11696-11701

Kyrou I et al, Stress mechanisms and metabolic complications, Horm Metab Res, 2007, 39 : 430-438

Kyrou I et al, Chronic stress, visceral obesity and gonadal dysfunction. Hormones, 2008, 7 : 287-293

Brewer-Smyth K et al, Obesity, traumatic brain injury, childhood abuse, and suicide attempts in females at risk,

Rehabil Nurs, 2014, 39 (4) : 183-91

Tension pulsionnelle élevée

On constate aussi que la majorité des personnes en surpoids ou obèses

présentent une autre susceptibilité dont certaines composantes sont aussi héréditaires, familiales, une tension pulsionnelle élevée.

Cette tension pulsionnelle se manifeste par

de l’impatience
une intolérance aux frustrations
de l’impulsivité
une attirance pour le sucré et éventuellement l’alcool.

De ce fait ces personnes ressentent des fringales, commencent un paquet de biscuits et n’arrivent pas à s’arrêter jusqu’à la fin du paquet.

Elles utilisent en fait sans le savoir la nourriture comme « psychotrope sérotoninergique ».

En effet les glucides consommés, mais aussi une quantité plus importante de nourriture, font monter l’insuline, qui fait entrer les acides aminés branchés : leucine, isoleucine, valine dans les muscles et aident le tryptophane, précurseur de la sérotonine à passer plus facilement dans le cerveau. Ce sont les mêmes transporteurs qui font entrer ces acides aminés et donc s’il y a compétition, ils se « bousculent au portillon ». C’est ce qui explique que mangé sucré a un effet détendant.

L’alcool étant biochimiquement un « super-sucre » a des effets similaires.

Mais au-delà de ces mécanismes bien connus grâce aux travaux du premier laboratoire au monde sur Nutrition et Cerveau au Massachussetts Institute of Technology fondé par le Pr Richard Wurtman, une autre découverte a donné encore une autre explication à l’association entre surpoids et tension pulsionnelle élevée.

Plusieurs études ont constaté que des personnes arrondies qui perdaient du poids pouvaient voir les voir psychologiquement déstabilisées, devenir irritables et dépressives.

L’explication ?

La graisse viscérale accumulée autour des intestins libère en permanence un flux d’acides gras libres. Nous l’avons vu, c’est ce qui explique la montée des triglycérides et l’apparition d’une résistance à l’insuline.

Mais ce niveau élevé d’acides gras circulants a aussi des effets sur le tryptophane qui navigue la journée sur la plus grosse protéine qui se trouve dans le sang, l’albumine, un véritable « porte-avion ». Tant qu’il est sur ce « porte-avion », il ne peut évidemment pas passer dans le cerveau.

Vers 17H il commence à se détacher de l’albumine. C’est ce qui permet en fin de journée de fabriquer plus de sérotonine, ce qui a un effet sédatif.

Mais chez les personnes à la  tension pulsionnelle élevée (certaines d’entre elles d’ailleurs ne détachent pas aussi bien naturellement le tryptophane de l’albumine, ce qui aggrave leurs problèmes en deuxième partie de journée), l’établissement d’un flux d’acide gras libres à partir d’un « patch » à l’intérieur du ventre permet toute la journée d’en détacher plus et d’augmenter donc leur production cérébrale de sérotonine.

Les caricatures du maigre grincheux et du gros jovial trouvent un nouveau sens !

Pour en savoir plus sur tension pulsionnelle élevée, sérotonine et surpoids :

Chaouloff F et al, Serotonin and stress, Neuropsychopharmacology, 1999, 21 (2 Suppl) : 28S32S

Ventura T et al, Neurobiologic basis of craving for carbohydrates, Nutrition, 2014, 30 (3) : 252-6

Voigt JP et al, Serotonin controlling feeding and satiety, Behav Brain Res. 2015, 277 : 14-31

Borkowska A et al, Effect of the 5-HTTLPR polymorphism on affective temperament, depression and body mass index in obesity,                           J Affect Disord, 2015, 184 : 193-7

Gino Giannaccini et al, The expression of platelet serotonin transporter (SERT) in human obesity, BMC Neurosci, 2013, 14 : 128.

Burke LK  et al, 5-hydroxytryptamine medications for the treatment  of obesity, J Neuroendocrinol, 2015, 27 (6) : 389-98

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