23 Mar 2016

L’arthrose est la pathologie rhumatismale la plus fréquente.

Elle affecte environ 10 millions de Français et est la cause d’environ 14 millions de consultations par an, coûtant à la Sécurité Sociale environ 3 milliards d’euros chaque année. Or, on prévoit avec le vieillissement de la population, un doublement du nombre des personnes atteintes pour 2030.

Elle est en fait une pathologie dégénérative, c’est-à-dire associée au vieillissement…

Nos articulations s’abîment avec l’âge, comme nos os qui se fragilisent, nos muscles qui s’affaiblissent, nos artères qui s’encrassent,

notre cristallin qui s’opacifie, notre audition qui baisse…

Les mécanismes derrière ce handicap  

Dans l’arthrose, des facteurs inflammatoires et oxydatifs venant de l’amplification des phénomènes du vieillissement avec l’âge, d’une alimentation pro-inflammatoire, de dérèglements du système immunitaire, de traumatismes ou de microtraumatismes… altèrent le fonctionnement des cellules du cartilage, les chondrocytes, et de la membrane synoviale, les synoviocytes qui – au lieu de jouer leur rôle de constructeurs et de protecteurs du cartilage et du liquide synovial -, sécrètent des facteurs d’érosion.

Ils déclenchent :

l’infiltration de l’articulation par des globules blancs, eux-mêmes sécréteurs de radicaux libres et de stimulants de l’inflammation
l’activité d’enzymes à fer, des métalloprotéases, qui attaquent le cartilage
l’activité d’enzymes qui dégradent aussi la chondroïtine sulfate
l’apoptose (ou suicide cellulaire) de chondrocytes.

Parallèlement les productions de nouveau cartilage riche en collagène et en chondroïtine sulfate et de liquide synovial riche en acide hyaluronique

diminuent.

Cette érosion oxydative et inflammatoire des cartilages engendre

des fissures ou des géodes, puis peut atteindre l’os que couvre le cartilage (appelé l’os sous-chondral). Des morceaux de cartilages peuvent se détacher dans l’articulation et mettre une partie de l’os sous-chondral  à nu. Ce dernier peut aussi s’enflammer et accélérer l’évolution.

Or l’os sous-chondral est la source alimentaire des chondrocytes et du cartilage. Ce qui ne va pas arranger la situation.

L’os peut même se décalcifier et être l’objet de proliférations anormales, déformant les doigts, formant des excroissances, des ostéophytes ou becs de perroquet.

L’enveloppe qui entoure toute l’articulation, l’enveloppe synoviale peut, elle aussi, être touchée par l’inflammation, ce qui se traduit par une articulation gonflée, chaude, rouge et douloureuse.

Mais aussi on constate dans l’arthrose, que la concentration d’acide hyaluronique qui rend visqueux le liquide synovial est plus faible.

Ceci entraîne une diminution de sa viscosité et rend le cartilage plus sensible aux chocs. Ceci est dû au fait que les synoviocytes deviennent inflammatoires. L’inflammation et les radicaux libres altèrent l’acide hyaluronique.

Or l’acide hyaluronique a démontré des propriétés anti-inflammatoires et antalgiques car il inhibe l’infiltration de l’articulation par les globules blancs et aussi des propriétés protectrices du cartilage car il stimule le bon fonctionnement du chondrocyte. Lorsque l’acide hyaluronique baisse dans le liquide synovial, la composition du cartilage se modifie, il contient de moins en moins de chondroïtine sulfate.

Cela entraîne ce qu’on appelle un « cercle vicieux ». L’inflammation s’auto-aggrave.

Quels sont les facteurs qui augmentent les risques et la sévérité de l’arthrose ?

L’arthrose, après 40-45 ans, tout le monde commence à en faire un peu, puisque c’est un phénomène dégénératif, lié au vieillissement. Comme tout le monde a des fibres du cristallin qui s’opacifient, comme tout le monde perd un peu d’audition, comme tout le monde a des artères qui sont moins souples, comme tout le monde perd des neurones, etc…

Mais l’arthrose peut rester sans conséquences. Si le processus de dégradation est très lent, il n’y aura pas de limitation de mouvement, ni de douleurs, et encore moins de déformations.

Ce n’est pas une fatalité.

Il est donc utile de comprendre ce qui peut intensifier les processus inflammatoires et destructeurs du cartilage, afin de freiner la dégradation et d’arriver à un plus grand âge sans infirmité.

Certains facteurs sont génétiques, liés de mauvais positionnements des articulations dès la naissance.

Le plus connu est la luxation congénitale de la hanche, plus fréquente en Bretagne, mais maintenant bien dépistée et objet d’une correction posturale précoce. En dehors de la boîterie qu’elle provoquait cette luxation pouvait entraîner des relations destructrices entre la tête du fémur et le cotyle (la loge de l’os iliaque dans laquelle elle doit rentrer).

C’est la même chose, en moins grave, avec des squelettes, pour lesquels, sans qu’il y ait luxation, il n’y pas de position bien centrée de la tête du fémur. De même que pour le genou si l’angle des membres est modifié : genu varum qui touche plus fréquemment les hommes (les jambes prennent la forme de parenthèses) et le genu valgum chez les femmes (les jambes sont en X).

Mais en dehors de ces articulations mal positionnées, les études trouvent une fréquence plus grande d’arthrose dans certaines familles que dans d’autres.

Il y aurait donc une susceptibilité héréditaire au problème, bien qu’aucune mutation génétique n’ait été encore identifiée.

Même si des facteurs sont génétiques, il y  a des recours : on peut par des moyens ostéopathiques, de rééducation et s’il le fallait chirurgicaux, d’améliorer la configuration d’articulations à risques.

Et si l’intensité de l’arthrose est forte dans une famille, il est possible de répondre par une précocité et une intensité adaptée des mesures de prévention.

Car il existe de nombreux facteurs modifiables sur lesquels on peut agir.

Le surpoids

Lorsque l’on marche, on soulève une jambe. A ce moment là, les articulations de l’autre jambe, la hanche et le genou, doivent supporter une charge élevée correspondant à de 3 à 7 fois le poids du corps.

Il est évident qu’une surcharge pondérale va créer avec l’âge un stress mécanique plus intense sur ces articulations.

Le risque de gonarthrose (arthrose du genou) est 4 fois plus important chez les femmes obèses et 5 fois plus important chez les hommes obèses que chez les personnes de même sexe mais de poids normal.

Dans l’étude ADAPT (Arthritis, Diet, and Activity Promotion Trial ou « Arthrose, Alimentation et promotion de l’activité ») plus de 300 sujets âgés d’au moins 60 ans, présentant tous un poids excessif (IMC supérieur ou égal à 28 kg/m2) et une gonarthrose douloureuse prouvée radiologiquement ont été répartis en 4 groupes :

conseils pour une meilleure hygiène de vie,
régime alimentaire (réduction calorique et modification de la composition des repas),
exercices physiques (exercices aérobies et exercices de résistance pendant une heure, trois fois par semaine),
régime plus exercices physiques.

Dans cette étude d’une durée de 18 mois, les sujets du groupe régime plus exercice ont perdu en moyenne 5,7% de leur poids corporel.

L’étude a montré que cette perte de poids modérée correspondait à une amélioration des fonctions physiques de 24% (évaluée par les sujets eux-mêmes mais aussi démontrée par des échelles de mesures spécifiques mesurant le temps passé à la montée des escaliers ou la distance parcourue en 6 minutes) et à une diminution de la douleur de plus de 30%.

Ces améliorations ont commencé à se manifester au bout de 6 mois et ont persisté jusqu’à la fin de l’étude, c’est-à-dire pendant les 12 mois suivants.

Le surpoids peut être efficacement et durablement combattu par

une réduction des graisses saturées (beurre, fromage, charcuteries, produits contenant de l’huile de palme, etc…) et trans (magarines, produits industriels…) au profit des graisses mono-insaturées (huile d’olive, avocat, amandes…) et oméga 3 (huile de colza, végétaux, petits poissons gras…)
l’évitement des perturbateurs endocriniens (emballages plastiques pour les produits gras, aliments et cosmétiques non bio…)
une réduction des sucres rapides au profit des glucides lents (légumineuses – 2016 est l’Année Mondiale des Légumineuses – article sur www.lanutritherapie.fr/article/2016-ann-e-mondiale-des-l-gumineuses, mais aussi céréales complète et semi-complètes, patates douces, courges, châtaignes…)
une réduction des viandes, pro-inflammatoires au profit des végétaux, anti-inflammatoires
une activité physique injectée dans le quotidien (outils de « gymnase » mobile dans Le Parcours Okinawa (www.parcours-okinawa.fr)
des outils de gestion du stress et de tension pulsionnelle élevée pour éviter de faire de la « prédation déplacée » sur la nourriture (se rapporter au dossier Dossier Santé et Nutrition Pour l’Abolition de l’esclavage au sucre)
une optimisation du sommeil (voir le dernier Dossier Santé et Nutrition Débarrassez-vous de vos insomnies !)
un certain de nombre de compléments anti-inflammatoires et réducteurs du stress et de la tension pulsionnelle élevée : magnésium, vitamines B, polyphénols, oméga 3, probiotiques…

Les traumatismes

Suite à des fractures ou des chutes, des articulations s’enflamment et le processus arthrosique peut s’intensifier fortement.

Vous me direz : là, on n’y peut rien…

Ce n’est pas tout à fait exact. Il y a évidemment des accidents sur lesquels on ne pouvait rien faire, mais lorsque l’on fait des études, on constate qu’une majorité d’accidents, de chutes, de fractures pouvaient être prévenues.

Comment prévenir la majorité des accidents ?

en optimisant son sommeil (voir le dernier Dossier Santé et Nutrition Débarrassez-vous de vos insomnies !)
en cultivant ses capacités d’attention et de concentration : évitement des excès d’alcool, du cannabis, des médicaments sédatifs comme les anxiolytiques et les hypnotiques, méditation, prise de compléments les augmentant comme la Tyrosine (MC 2, Synergia)
en calmant son impulsivité et en réduisant les prises de risque excessives (le même terrain qui mène à la dépendance au sucre, à l’alcool, au tabac – revoir le Dossier Santé et Nutrition Pour l’abolition de l’esclavage au sucre)
en pratiquant des exercices d’équilibre, ce qui est de plus en plus important avec l’âge…

Par ailleurs, lorsque la fracture ou le traumatisme sont là, un protocole adapté de compléments anti-inflammatoires comme le curcuma et les autres  polyphénols et de reconstructeurs du cartilage : silicium, chondroïtine sulfate… peut empêcher l’accélération post-traumatique du processus arthrosique.

Les micro-traumatismes

Les petits chocs répétés sur des articulations ont des effets inflammatoires.

L’arthrose du coude des ouvriers manipulant des marteaux-piqueurs, du genou et de la colonne vertébrale des manutentionnaires et des parachutistes, des doigts que présentaient les dactylos… en sont les témoignages classiques.

La prévention repose avant tout sur l’ergonomie, la technologie de l’optimisation des postures au travail et de fait toute activité, destinée à réduire stress, accidents et conséquences pathologiques, qui s’est récemment développé mais dont l’intégration sur le terrain est encore très insuffisante.

Mais les sportifs professionnels ou amateurs réguliers en souffrent souvent après un certain nombre d’années d’activité : arthrose de la hanche et/ou du genou chez les coureurs, arthrose des orteils, cheville et hanche chez les danseuses/danseurs, arthrose du coude chez les joueurs de tennis, des hanches et genoux chez les footballeurs, rugbyman, et dans les sports de combat…

Mais nous verrons que les sports non traumatisants ou pratiqués dans les bonnes conditions ont au contraire des effets positifs et sur la prévention et dans le traitement de l’arthrose : par exemple la natation, le cyclisme, l’aviron, le ski de fond, la marche et le jogging sur terrain meuble…

Il est évident que courir sur du macadam et encore plus avec des semelles insuffisamment absorbantes des chocs va retentir par des vibrations indésirables sur les articulations.

Pour en savoir plus voir le Dossier Santé et Nutrition de ce mois-ci :

www.santenatureinnovation.com/publications/les-dossiers-de-sante-et-nutrition/

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Le Dr Jean-Paul CURTAY, de renommée internationale, est un des pionniers de la nutrithérapie. Il a créé en France la première consultation dans cette discipline médicale nouvelle.