« L’étiquetage nutritionnel des aliments est l’un des points du projet de loi santé présenté, mercredi 15 octobre, par la ministre de la Santé Marisol Touraine. Ce sera un code couleur, identique pour tous mais facultatif, a-t-elle indiqué.
L’idée est de rénover le système actuel, qui fait état de la teneur en calories, lipides, protéines… jugé peu lisible par le consommateur. Les modalités pratiques de ce système seront élaborées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et fixées par décret, a précisé le ministère.
Le but ? « Réduire les inégalités sociales en matière d’accès à une alimentation équilibrée ». Et par conséquent réduire ces inégalités en matière d’obésité. « Aujourd’hui en classe de CM2, les enfants d’ouvriers sont dix fois plus victimes d’obésité que les enfants de cadres », indique le ministère.
Le système d’une échelle de cinq couleurs, du vert pour les aliments qui présentent la meilleure qualité nutritionnelle, au rouge pour les moins bons (dit « trafic lights », feux tricolores), avait été préconisé par le professeur Serge Hercberg (Inserm, université Paris-XIII) dans un rapport remis, fin novembre 2013, à la ministre de la santé, Marisol Touraine (Le Monde du 25 septembre).
« Je me réjouis de l’annonce de la ministre de la Santé de maintenir le système d’étiquetage nutritionnel, unique et coloriel, malgré les prises de position récentes d’industriels et de certains ministres », a indiqué le professeur Hercberg.
Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, s’était dit « modéré sur l’idée du score ». De même, l’industrie agroalimentaire ne voit pas ce système d’un bon œil.
Le groupe Carrefour avait, lui, annoncé en septembre son intention de mettre en place un système d’étiquetage spécifique sur les emballages de ses produits de marques propres entre fin 2014 et le printemps 2015. Mais cette annonce avait suscité de vives critiques, notamment de certains scientifiques et sociétés savantes, dont la Société française de santé publique qui a lancé une pétition (25 000 signatures à ce jour).
La Société Française de Nutrition (SFN) a de son côté indiqué dans un communiqué, mercredi 15 octobre, qu’elle souhaitait nécessaire qu’un étiquetage standardisé soit défini, en regrettant l’initiative de Carrefour.
Le distributeur s’estime cependant satisfait des propos tenus mercredi par Mme Touraine. « On est dans le débat, la ministre a laissé la question ouverte, il faut désormais attendre les décisions de l’Anses » indique une porte-parole de Carrefour.
Le groupe persiste et signe sur son système de fréquence de consommation, jugé trop peu scientifique par certains experts. Celui-ci prévoit d’associer aux couleurs des indications de fréquence de consommation : « trois fois par jour » (vert), « deux fois par jour » (bleu), « une fois par jour » (orange) ou « de temps en temps » (violet) et ne prévoit pas de pictogramme rouge, jugée trop dissuasif.
« Nous pensons que le système des fréquences est la seule solution pour rallier le maximum d’acteurs, y compris les groupes agroalimentaires »souligne le groupe, qui indique que Bruxelles vient d’attaquer la Grande-Bretagne sur son propre système de trafic lights. « Nous devons trouver un système qui prenne en compte les habitudes alimentaires du consommateur, sans être culpabilisant ni désigner certains produits à la vindicte populaire », martèle le groupe ».
Audrey Tonnelier Le Monde
Mon commentaire : Contemplez cette situation caricaturale : d’un côté la Grande Bretagne avec son système clair de « feux de circulation nutritionnelle » de l’autre la France qui recule, supprime le rouge « trop dissuasif » (sic !) – comme s’il ne fallait pas dissuader de consommer des excès de graisses saturées, trans, sucres rapides, sel.. -, et rend FACULTATIF ce système édulcoré.. par l’industrie agro-alimentaire, qui est comme on le sait un spécialiste en édulcoration ! Le même genre de floutage a été cultivé par l’industrie du tabac (voir le livre Un rideau de fumée), l’industrie de l’amiante (voir le livre d’Annie Thébaut Mony La Science asservie). Ceci dit cela reste une petite avancée, même si elle n’est pas à la hauteur des besoins.
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