« Nous pulvérisons les ormes, et au printemps suivant nul merle n’y chante… parce que le poison a fait son chemin, pas à pas, de la feuille de l’orme au vers,puis du vers au merle » Rachel Carson
Tableau de quelques perturbateurs endocriniens
HYDROCARBURES AROMATIQUES POLYCYCLIQUES (PAH) (fumées de cigarette, vapeurs de diesel, barbecue)
PHTALATES (plastiques souples, bouteilles huile, PVC…)
BISPHENOL A (emballages alimentaires, barquettes margarines, revêtements conserves, tickets de caisse…)
HALOGENOPHÉNOLS (désinfectants)
PCB (rivières, poissons)
* DDT (pesticide interdit mais rémanent dans environnement et retrouvé dans les viandes), atrazine, éthylène thiourée, heptachlor, lindane, chlrodane, malathion .
ALKYLPHENOLS (détergents, plastiques, pesticides)
PARABEN (cosmétiques, médicaments…)
4MBC (crèmes et huiles solaires)
PBDE (polybrominated diphenyl ethers – retardateurs de flammes trouvés dans moquettes, mousse coussins, textiles, literie, voitures, télévisions…)
Perturbateurs endocriniens probables :
benzène
xylène
styrène
éthers de glycol
métaux lourds comme le plomb et le mercure
Des centaines de perturbateurs endocriniens en envahi l’air, l’eau, les aliments, les logements, les transports, les lieux de travail, les cosmétiques… et même les jouets… et de là les animaux, les hommes, les femmes, les femmes enceintes, les fœtus, les bébés, les enfants…
Mais qu’est-ce donc qu’un perturbateur endocrinien ?
C’est une molécule chimique, aussi appelée xéno-hormone, qui peut modifier
– la production, la diffusion ou l’élimination des hormones naturelles
– et/ou son action en agissant à leur place
* soit de manière positive (effet agoniste),
* soit de manière négative (antagoniste) sur leurs récepteurs.
Cela en fait par exemple des oestrogènes-like capables de mimer les effets des oestrogènes.
C’est ce qui explique qu’ils peuvent modifier l’identité sexuelle d’un bébé in utero, entraîner des malformations génitales, des perturbations psycho-comportementales, de l’infertilité et des cancers hormono-dépendants….
Mais qu’est-ce que cela change dans nos vies ?
Les perturbateurs ont fortement contribué à un effondrement général de la fertilité de l’homme (perte de 1,9% du nombre des speramtozoïdes par an !).
Les perturbateurs endocriniens favorisent les cancers hormono-dépendants, par des mécanismes qui s’amplifient les uns les autres :
promotion hormonale par des effets oestrogènes-like ou testostérone-like
augmentation du nombre des récepteurs aux hormones
effets prolifératifs indépendants des hormones
effets pro-inflammatoires qui participent à tous les stades des cancers (initiation, promotion, invasivité, angiogénèse, métastases)
altération de la perméabilité digestive qui favorise l’inflammation et le surpoids
augmentation du surpoids et du diabète, aussi associés à une montée de l’inflammation, de la promotion (en particulier par la production dans le tissu adipeux d’oestrogènes grâce à l’aromatase) et à des incidences plus élevées de cancer
affaiblissement des défenses immunitaires, le premier front de défense contre les cellules cancéreuses, cet affaiblissement étant plus marqué dans le diabète.
Conclusion : de par leur nombre, leur présence dans tous les milieux, même les plus reculés, comme l’Arctique ou la forêt Amazonienne, leur présence dans tous les corps humains, leur caractère persistant, leur stockage dans notre tissu adipeux, les effets cocktail, leurs graves répercussions sur tous pratiquement tous les systèmes (infertilité, malformations, intolérances alimentaires, allergies, inflammation, surpoids, diabète, cancers…), leur modification de l’expression des gènes, le caractère transmissible des dégâts sur l’ADN de génération en génération – donc l’altération du patrimoine génétique de l’humanité (et des animaux) les perturbateurs endocriniens représentent une menace sanitaire bien supérieure au tabac ou à l’amiante.
Il faut bien regarder la réalité en face : la survie de nombreuses espèces : insectes, poissons, batraciens, mammifères marins comme les phoques ou les ours polaires, mammifères terrestres et les humains voient tout simplement leur survie menacée par ces considérables perturbations sur la reproduction et la santé à court comme à long terme.
Pour en savoir plus :
Théo Colborn, L’homme en voie de disparition, 1998
Les perturbateurs endocriniens : un enjeu de santé publique pour le XXIème siècle www.appanpc.fr/_docs/7/fckeditor/file/Revues/AirPur/Airpur_79_Duval.pdf
Les facteurs environnementaux dans l’émergence de l’autisme www.autisme.qc.ca/tsa/recherche/etiologie/les-facteurs-environnementaux.html
Le rapport EXPPERT (Générations Futures) www.generations-futures.fr/2011generations/wp-content/uploads/2014/04/rapport_exppert_3.pdf
Étude sur les dioxines et les furanes dans le lait maternel en France, ADEME/INVS, 2000
Incinération des ordures ménagères en France : Effets sur la santé, INVS, 2009
Perturbateurs endocriniens et risques de cancers, INSERM, 2008
André Cicolella, Toxique Planète. Le Scandale invisible des maladies chroniques, Éditions du Seuil, 2013
Comment réduire notre exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Alimentation
ne jamais acheter de produits gras : huiles, sauces, margarines, plats préparés… ni dans des emballages plastiques, ni dans des conserves ou des cannettes, actuellement systématiquement enduites de plastique.
Cette mesure reste valable malgré l’interdiction en cours d’application du bisphénol A dans les emballages alimentaires car y restent présents de nombreux perturbateurs endocriniens : des bisphénols de B jusqu’à Z, des phtalates, et des substituts sur lesquels on n’a pas de données toxicologiques
Pour aller plus loin, préférer les boissons en bouteilles de verre qu’en cannettes.
Les fabricants de produits alimentaires doivent se rendre compte que seul le verre est sûr.
pour ce qui est de l’eau en bouteilles plastiques, éviter les PVC estampillés 3 (PVC), 6 (polystyrène), 7 (polycarbonates) sur le fond et choisir plutôt les bouteilles estampillées 4 et 5
ne pas consommer de poissons grands prédateurs comme requin, espadon, mérou…trop pollués, ne pas consommer plus d’une fois par semaine les moyens prédateurs comme le thon et la daurade – la femme enceinte et les petits enfants devraient les éviter, préférer les petits poissons, en particulier gras : hareng, maquereau, sardine, anchois non salés – riches en oméga 3 et moins pollués (sauf quelques sardines d’estuaire régulièrement interdites car trop riches en PCB).
La consommation de poissons de rivières ne peut pas être recommandée, les plus pollués étant le brochet (grand prédateur), les silures/poissons chats et les anguilles…
ne jamais consommer de foies ou d’abats de bêtes non organiques et leurs dérivés (foie gras, pâtés…)
sauf femme enceinte ou enfant en forte croissance, réduire sa consommation de viandes à une à deux fois par semaine
choisir les œufs bio de poules élevées en plein air (ce que l’on peut refaire depuis les contrôles qui ont été opérés sur les émanations des usines d’incinération de déchets)
préférer les autres produits bios (les trois produits non bio les plus riches en perturbateurs endocriniens sont les laitues, les tomates, les concombre).
les agressions thermiques, en particulier au barbecue, peuvent aussi engendrer des perturbateurs endocriniens carcinogènes comme le benzopyrène, il faut éviter le contact avec les braises qui devraient être non pas sous les aliments à cuire, mais à côté (barbecues verticaux) ; on peut aussi protéger viandes et poissons par du papier sulfurisé – par ailleurs la plancha est moins agressive
certaines poêles adhésives peuvent relarguer des perturbateurs endocriniens
ne pas utiliser les verres en polystyrène (un dérivé benzénique) pour les boissons chaudes.
Médicaments et cosmétiques
ne pas acheter de cosmétiques contenant des parabènes
éviter les médicaments gastro-résistants ainsi aussi ceux qui contiennent des parabènes
refuser les médicaments contenant du toluène – aussi reprotoxique -, en particulier plusieurs présentations courantes en France de vitamine D
ne pas utiliser les crèmes et huiles solaires non bio
éviter les parfums qui aujourd’hui quasiment tous de synthèse
de même que la quasi totalité des produits utilisés par les coiffeurs, excepté la petite minorité – mais croissante – de coiffeurs bio
même chose dans les ongleries. L’acétone qui sert à dissoudre les vernis à ongles est un dérivé benzénique.
Vêtements
préférer les vêtements bio, et toujours laver au moins une fois les vêtements neufs avant de les porter, afin d’éliminer une partie des retardateurs de flamme et autres polluants
utiliser des poudres bio pour laver les vêtements
Logements, produits ménagers, d’entretien, désodorisants
préférer les logements anciens aux logements neufs
et autant que possible entourés de nature, loin des usines et des autoroutes
réduire au maximum les contreplaqués et moquettes, tissus, qui contiennent des retardateurs de flamme et émettent des poussières, les poussières étant des concentrateurs de perturbateurs endocriniens qui sont ainsi inhalés
s’il y a une moquette la nettoyer une fois par mois à la vapeur, sinon passer un aspirateur à filtre qui ne relargue pas les poussières
utiliser des matériaux d’ameublement et de décoration bio, y compris surtout les peintures
aérer au maximum à la belle saison, assurer une bonne ventilation l’hiver
veiller à changer régulièrement les filtres des systèmes d’aération
la combustion du bois émettant beaucoup de perturbateurs endocriniens, la cheminée doit être fermée par une vitre étanche
choisir des produits d’entretien bio, de nombreux produits vendus dans la grande distribution contenant des perturbateurs endocriniens
ne pas utiliser d’insecticides chimiques
bien rincer les vaisselles pour éliminer les traces de détergents
ne pas utiliser de désodorisants chimiques qui contiennent des dérivés benzéniques ; on peut très bien les remplacer par des huiles essentielles
Transports
exiger des pompes à essence un bouchon hermétique qui empêche d’inhaler les vapeurs d’essence car elles contiennent encore en France 1% de benzène, qui est génotoxique et augmente les risques de leucémies.
les gaz d’échappement contiennent outre des particules toxiques, des perturbateurs endocriniens, il faut faire vérifier deux fois par an l’encrassement des filtres de cabine
les véhicules diesel sont les plus toxiques
préférer des voitures d’occasion, au moins vieilles de 6 mois, qui ont relargué une grande partie de leurs toxiques
Ecologie, politique, pétition
Il est vital que l’air, l’eau, les aliments, les vêtements, les logements, les transports, les lieux de travail, les jouets, les loisirs, les cosmétiques, les lieux de travail soient assainis au maximum si nous voulons conserver et la santé, et une avenir en tant qu’espèce…
En achetant plus propre, déjà nous impactons les distributeurs et les fabricants, ainsi que l’environnement lui-même.
Au delà de cela je vous invite à soutenir les associations qui luttent pour cette cause essentielle comme Générations Futures.
Vous pouvez aussi vous joindre à des pétitions qui circulent sur ce sujet, par exemple sur www.change.org ou sur www.no2hormonedisruptingchemicals.org/fr (« Dites non aux perturbateurs endocriniens » qui s’adresse à la Commission Européenne).
Il est d’autant plus important de faire entendre notre voix maintenant que la conseillère scientifique du président de la Commission a bloqué le processus visant à protéger les citoyens des perturbateurs endocriniens sous la pression des lobbys. La Suède a porté plainte.
Pour en savoir plus :
Petits guides verts de L’Association Santé Environnement France www.asef-asso.fr/telecharger-nos-guides
www.natura-sciences.com/sante/limiter-perturbateurs-endocriniens672.html
www.disruptingfood.info
www.generations-futures.fr
Réseau européen d’action contre les pesticides : www.pan-europe.info
Un articlke plus complet paraîtra dans la Newletter mensuelle que je rédige pour Santé Nature Innovation le 28 Mai. Le 28 Avril est paru la deuxième partie d’un texte sur le Cancer.
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